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Wednesday, December 30, 2020

SYMBOLIQUE - VII : L'ARBRE et ses COMPOSÉS

LIENS PrÉCÉDENTS:

 I - L'approche symbolique

II - Le symbole de la pomme

III - L'analyse symbolique en littérature

IV - Le Symbolisme dans l'architecture religieuse de Thaïlande

V - Le Symbolisme de la Pyramide

VI - De l'Axe à la Colonne


Le symbolisme de la verticalité mène assez logiquement à la fonction jouée par l’Arbre. En fait, il s’agit d’une forme de verticalité appartenant à la Nature. Cette considération engendre un mythe, celui de l’Arbre de Vie. En réalité, cette approche correspond à la conception de l’Axis mundi (l’axe du Monde).

Il faut donc analyser les symboles associés à l’image de l’Arbre. Ce dernier joue déjà un rôle significatif et bivalent dans la Genèse biblique. Cet arbre est double, car il est non seulement porteur de fruits (les pommes), mais il est aussi qualifié d’Arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Il représente donc le principe de la dualité terrestre. Parallèlement, cet arbre affiche aussi le concept  de la trilogie, une sorte de perception cosmique de la Vie. L’image mythique du Jardin d’Éden représente cette ambivalence symbolique, où l’abstraction vient se greffer sous la forme d’un tableau, qui bien sûr est source d’inspiration artistique. 


*L’arbre est tout d’abord associé à la symbolique du chiffre trois, clé de la plénitude terrestre. Il est issu de la terre nourricière. Il puise ses racines sous la terre, élève son tronc au dessus du sol et élève ses branches vers le ciel. Il relie donc trois mondes ésotériques: celui des morts, l’Hadès grec, la verticalité du monde des vivants et le cosmos par la multitude de ses branches tendues vers le ciel. 

*À partir de là, il devient aussi un symbole de vie. Ses racines nourricières puisent leur énergie dans le giron de la Terre-Mère. Son tronc, où coule la sève, affiche la force et la stabilité. Enfin, l’exubérance de ses branches engendre une promesse de vie, porteuse de feuilles et parfois même de fruits. Dans la Genèse biblique, cet arbre est un pommier. Ainsi l’image générée par la scène met en place trois niveaux: l’invisible qui est le Créateur, le monde bipolaire des êtres humains au travers d’Adam et Ève, enfin l’espace naturel, lui aussi bipolaire: celui de la végétation (l’arbre fruitier) et du monde animal (le serpent). Cette vision stigmatise le souffle de la Création avant que l’Esprit vienne bouleverser cette sorte de pérennité  idyllique.

*L’arbre illustre aussi la destinée humaine où la graine plantée sous terre s’épanouit à l’image d’une canopée ouverte au soleil et à la voûte céleste. Or, l’Homme s’identifie à l’arbre, à la fois en fonction de sa verticalité terrestre, mais aussi par la sève rappelant le sang vital. 

*Plus encore, il est aussi l’union de quatre éléments: la terre, le bois, l’air et le feu du ciel, sans oublier qu’il procrée l’oxygène de l’air et qu’il participe au cycle des pluies. 

Les premiers hommes ont appris à générer le feu à l‘aide de deux branches d’arbre frottées l’une contre l’autre. En Afrique, en Australie ou en Amérique du Sud, les peuples indigènes savent extraire l’eau de ce que l’on appelle parfois des “arbres bouteilles”

*De surcroit, l’arbre peut être un acteur majeur du monde animal, du serpent chthonien aux oiseaux célestes. Il est ainsi un symbole de protection. On s’abrite sous un arbre quand il pleut. Son ombre protège du soleil. Les oiseaux y font leurs nids comme certains rongeurs.

Bien évidemment l’arbre va être différent selon la latitude, le climat ou la zone géographique. En fait, il y a deux sortes d’arbres: ceux à feuilles caduques et ceux à feuilles persistantes. Il s’agit d’une autre forme de dualité qui va générer deux mythes distincts.

Le cyprès, dont la forme évoque un cierge sert souvent de décor aux cimetières du monde méditerranéen. Cet héritage nous vient des Grecs. Mais d’autres arbres dont les feuilles tombent à l’automne et reverdissent au printemps nous rappellent le mythe oriental d’Adonis [Ἄδωνις]: la graine plantée à l’automne et renaissant au printemps. Ce cycle a été repris par les Grecs dans le mythe de Perséphone [Περσεφόνη]. La trilogie sous-jacente du mythe met en scène Hadès [ᾍδης], roi du monde souterrain et Déméter [Δημήτηρ], déesse de l’agriculture et des moissons. Le cycle des saisons était au cœur des mystères d’Éleusis. Par ailleurs, le rite mortuaire occidental de l’enterrement dérive de cette tradition, promesse de vie éternelle des religions monothéistes. En Asie, l’incinération se fait sur des bûchers pour libérer le corps de son enveloppe terrestre afin de permettre l’envol de l’âme. Malgré ces divergences culturelles et religieuses, le rite humain de la mort est en réalité étroitement lié à l’arbre, soit sous la forme du cercueil, soit sous celle du bûcher. Par ailleurs, l’arbre est l’élément unifiant le bas et le haut, où s’ajoute une promesse de renouveau, autrement dit d’une renaissance, sous l’impulsion d’un cycle ternaire des saisons: l’automne (mort), l’hiver (gestation) et printemps (éclosion).

L’arbre joue un rôle essentiel dans la vie des hommes. On l’utilise pour la construction, pour la décoration, pour se loger, pour se chauffer. Il est indispensable à la Vie. L’un des enjeux majeurs de l’écologie d’aujourd’hui est de protéger les forêts et pas seulement les grandes forêts tropicales d’Amazonie, d’Afrique centrale ou de l’Asie du Sud-Est. L’arbre est donc nécessaire au monde des vivants. Dans son milieu naturel, il retient le sol en évitant les glissements de terrains et procure l’oxygène nécessaire à la vie terrestre.

Il n’y a donc qu’un pas à franchir pour qu’il devienne une entité spirituelle. Sa fonction symbolique est tout simplement universelle.

La Nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles.

- Charles Baudelaire -


L’arbre, dans son environnement naturel prend une fonction particulière. Mais dans une perspective terrestre, il demeure un élément symbolique associé au bâton, au pilier, à la poutre, à la croix, au totem, à la coque du navire et à toutes les autres fonctions liées à la vie des hommes. 


1.Le Mythe de l’Arbre.


1.1.L’arbre de vie.
Ce concept remonte à des temps immémoriaux. Il est à la fois profane et religieux. C’est en fait une représentation, parfois stylisée, d’un arbre. C’est un symbole vital car il  relie trois mondes distincts. Parti du bas, il est enraciné dans le monde souterrain, celui des morts, puis s’élève dans le monde des vivants et s’épanouit dans une gerbe aérienne, tournée vers la voûte céleste. En réalité, il fait plus que relier le bas au haut. Il stigmatise le cours de la Vie. Sa force, sa longévité sont une promesse d’éternité et de renouveau, voire de réincarnation. La sociologie constate que cet arbre de vie est présent parmi toutes les civilisations: c’est tantôt le pommier biblique, tantôt celui figurant sur les mosaïques persanes, tantôt celui des murs des pagodes bouddhistes, mais il apparaît aussi sur certains drapeaux: le cèdre du Liban ou la feuille d’érable du Canada.

On remarque au passage que l’effigie de l’arbre de vie est souvent associée à la présence du serpent. C’est le cas de certaines scènes mayas. Or ce serpent est porteur de la dualité du Bien et du Mal. Ce phénomène peut avoir un impact émotionnel indélébile selon la religion concernée. La Chute et donc la conséquence du pêché originel a profondément marqué les civilisations occidentales et proche-orientales. Par contre, quand le cobra abrite la tête du Bouddha, il sert d’antidote au tabou de la négativité. Les civilisations asiatiques sont totalement libérées du déterminisme provoqué par un Éden perdu. 

1.2.Des dieux et des arbres. La relation sous-jacente du concept religieux lié à l’effigie de l’arbre est un phénomène que l’on observe dans la mythologie grecque. Si on se penche sur le monde des Olympiens, on s’aperçoit que la plupart des divinités sont associées à un animal ou à une plante. C’est une manière d’asseoir la fonction divine créatrice, protectrice de la trilogie vitale: homme/animal/plante. En voici quelques exemples:

  • Zeus [Ζεύς], le chêne. On associe généralement Zeus avec la foudre. Pourtant, le chêne était aussi l’effigie sylvestre du maître de k’Olympe. Le chêne est resté un arbre sacré par sa force et sa longévité. On le retrouve comme étant un puissant emblème druidique. Il attire la foudre et représente un axe vertical de passages, de connaissance, d’autorité, de justice et de sagesse. C’est pourquoi on le retrouve dans l’imagerie populaire où Saint-Louis rend par exemple la justice sous un chêne à Vincennes. Le bâton d’Héraclès est taillé dans le chêne. Un ouvrage d’André Malraux s’intitule Les chênes qu’on abat…, titre emprunté à la poésie de Victor Hugo (1872) pleurant la mort de Théophile Gautier”:

Les Chênes qu’on abat pour le bûcher d’Hercule!

À Théophile Gautier, Victor Hugo -

  • Héra [Ἥρα], le jardin des Hespérides (les pommes d’or). La sœur et l’épouse de Zeus possédait une pomme d’or, symbole de fertilité depuis son mariage. Suite à l’abus que les frasques de son

    époux en faisait pour ses conquêtes, elle a dû les cacher dans un jardin secret, à l’autre bout de la Terre, au pays du soleil couchant, gardé par les Hespérides [Ἑσπερίδες]. Ce sont trois sœurs, filles d’Atlas et d’Hespéris (le Couchant). La “pomme de discorde” sera l’objet d’une compétition entre trois déesses: Héra, Athéna et Aphrodite tout en étant le point de départ de la guerre de Troie (ou de trois!). Et puisqu’il est question de triade, le choix de ces trois  femmes n’est pas aléatoire. D’abord parce que chacune est issue d’une verticalité complémentaire. Héra, fille de Titans, appartient à la sphère cosmique et règne sur l’Olympe. Athéna, a vu le jour en sortant de la tête de Zeus, puis a vécu sur terre parmi les hommes. Aphrodite enfin, née de l’écume deviendra l’épouse d’Héphaïstos, maître du feu. Les quatre éléments primordiaux sont donc représentés: l’air, la terre, l’eau et le feu. Enfin, cette pomme, symbole du monde terrestre, est forcément un fruit de discorde. En choisissant Aphrodite, déesse de la beauté et de l’amour, Pâris fait un choix qui aura de lourdes conséquences, car l’Amour est volage et éphémère. D’un côté, il y avait pourtant la stabilité et l’ordre (Héra); de l’autre, se trouvait la sagesse et la protection (Athéna), mais le beau berger, illustre ancêtre du Panurge de Rabelais, fait le choix de la veulerie humaine en choisissant d’être aimé par la belle Hélène. Pour Platon, l’amour est désir. Cette même image  est sous-jacente dans l’Eden biblique dans la scène d’Ève et de la pomme cueillie de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal. Ce qui en apparence est une digression, n’est autre qu’une vérité issue d’un arbre fruitier à feuilles caduques.
  • Artémis [Ἄρτεμις], le cyprès. Déesse de la nature sauvage associée à la lune par contraste à son 

    frère Apollon, associé au soleil, cette emblématique chasseresse est la protectrice des femmes. Or selon la tradition grecque, il était d’usage de planter un cyprès à la naissance d’une fille. Selon le mythe, un jour, un ami d’Apollon tua malencontreusement la biche d’Artémis et de chagrin, fut transformé en un cyprès, devenu l’arbre des morts. Le cyprès appartient surtout à la flore méditerranéenne. Cet arbre ne perd pas ses feuilles.Voilà pourquoi il fait figure d’arbre de vie dans les cimetières. Le rite religieux de la chrétienté y voit un symbole de renaissance spirituelle après la mort. On peut ajouter aussi que sa forme évoque aussi un cierge.
  • Apollon [Ἀπόλλων], le laurier. Le mythe raconte qu’Apollon était tombé amoureux de la nymphe Daphné [Δάφνη] qu’il poursuivait inlassablement. Tant et si bien que cette dernière supplia son père d’y mettre fin et il la métamorphosa alors en laurier. En grec Daphné signifie “laurier”. Apollon voua alors un culte au laurier. Les vainqueurs des jeux pythiques du temple de Delphes, dédié à Apollon, recevaient alors des couronnes de laurier.
  • Aphrodite [Ἀφροδίτη], le balsamier (arbre à myrrhe). Selon le mythe grec, Myrrha [Μύρρα], princesse d’Asie-Mineure avait eu une relation incestueuse avec son propre père. Elle fut métamorphosée en un arbre d’où naquit Adonis, qui fut alors adopté par Aphrodite.
  • Athéna [Ἀθηνᾶ], l’olivier. Déesse aux multiples talents, dont celui de la sagesse, Athéna est le 

    fruit des amours de Zeus et de Métis [Μῆτις, en grec veut dire la ruse]. Née, après quelques avatars olympiens, elle surgit tout en armes du crâne de son père. Elle passera sa jeunesse sur les bords du lac Triton, dans le sud tunisien, avant de devenir la protectrice d’Athènes. Un concours l’opposa à Poséidon [Ποσειδῶν]. Elle remporta la victoire en plantant un olivier sur l’Acropole d’Athènes. Cet arbre méditerranéen est un symbole d’immortalité, de force et d’abondance. C’est aussi un symbole de victoire. À Olympie, on offrait une couronne d’olivier aux vainqueurs. C’est aussi un symbole de fidélité: le lit d’Ulysse et de Pénélope était en bois d’olivier. Dans la Bible,  Dieu utilise un rameau d’olivier pour signifier à Noé la réconciliation à la fin du Déluge. De fil en aiguille l’emblème de la paix est une colombe portant une branche d’olivier dans son bec.
  • Hermès [Ἑρμᾶς], le caducée. L’analyse de ce symbole nécessite un commentaire. Il est tout

    d’abord composé de trois éléments: une baguette en bois de laurier ou d’olivier, l’effigie de deux serpents entrelacés et surmonté de deux ailes d’oiseau. Cette trilogie initiale révèle aussi une double dualité; deux serpents et deux ailes. C’est une véritable image “hermétique” où les trois premiers chiffres se côtoient: 1 (la baguette), 2 (serpents et ailes), 3 (les trois éléments constitutifs: bois, serpent, aile), voire le chiffre impair 5 (en additionnant 2+2+1). On comprend pourquoi l’alchimie s’en est emparée pour évoquer l’équilibre du souffre et du mercure. Le caducée s’identifie aussi à la symbolique de l’arbre. Il y a la verticalité de la baguette de bois (le tronc), l’ascension symétrique de deux serpents unis, sortis de la terre et l’épanouissement final d’une paire d’ailes horizontales, marquant une conscience cosmique contenue dans l’union de la terre et du ciel. On retrouve ici, sous une autre forme, les éléments sous-jacents liés à la symbolique de l’arbre. Hermès était le messager des dieux mais aussi le protecteur des voyageurs. À l’origine, c’était un mythe sumérien qui bien évidemment a été repris dans la scène biblique de la Genèse. En cela, la mythologie véhicule une apparence culturelle masquant une réalité sous-jacente.
  • Le bâton d’Asclépios [Ἀσκληπιός], dieu de la médecine, est surmonté d’une couleuvre et est devenu l’emblème de la médecine. Cette effigie ne contient aucune autre signification hermétique que la simple fonction de soigner les morsures de serpent. 


1.3.L’arbre à palabres. En Afrique, mais également en Asie, la parole est plus tenace car elle engage le


dit. Chez les peuples sans écriture, la parole transmise est une clé de la connaissance. Le griot, ce troubadour de la savane, est celui qui conserve et divulgue la culture de la tribu. En Afrique  de l’Ouest, le village tribal s’organise en trois niveaux: il y a le chef du village, le conseil des anciens et le sorcier, le seul qui vive à l’extérieur de l’espace habité. Au centre du village, se dresse toujours un vieil arbre, généralement un baobab, appelé “l’arbre à palabres”. Quelques bancs autour du tronc permettent aux anciens de discuter des affaires du village et aux plus jeunes d’écouter les histoires tribales. 

Symboliquement, on retrouve ainsi le point situé au centre du cercle. Cette vieille image égyptienne est celle du soleil, à la fois source de lumière et de procréation. Le baobab est un bel exemple de l’arbre de vie. Cet arbre imposant (Adansonia digitata), produit de la terre-mère, est capable de stocker une prodigieuse quantité d’eau et peut vivre jusqu’à 2000 ans. Sa pérennité lui confère donc une aura d’éternité. 

La force du baobab est dans ses racines” 

(proverbe du Congo)


En 1977, le prix Pulitzer a été décerné à l’Américain Alex Haley (1921-1992) pour un ouvrage intitulé “Racines” [‘Roots’] retraçant la saga d’une famille afro-américaine. 

1.4.Le masque. Tous les masques ne sont pas en bois. Mais aux Amériques, à Bornéo, en Papouasie et en Afrique, ils sont taillés dans le bois car ce sont des produits de la grande forêt tropicale. Ainsi, la mystique de l’arbre apporte au masque une propriété ésotérique émanant des profondeurs de l’ombre sylvestre. Le masque cache le visage en apparence, mais révèle un invisible. Sa fonction est de dévoiler un dedans au dehors. 


Dans les cultures africaines, c’est un médium mystique permettant de communiquer avec les esprits grâce à la musique et à la danse où chaque membre du village en fête participe à une communion tribale. Chaque tribu possède son masque. C’est pourquoi le masque possède une fonction culturelle et surtout spirituelle. Souvent, le sorcier est le gardien du masque, ce qui implique qu’il demeure le garant du pouvoir spirituel. Il vit donc à l’extérieur de l’enceinte communautaire, celle du monde profane. On comprend pourquoi les Africains rechignent à ce que leurs masques soient révélés à l’extérieur du cercle communautaire. Les artistes du début du XXe y ont vu une expression artistique, alors qu’il s’agit d’un élément mystique, pieusement conservé à l’abri du regard en temps ordinaire.


À Bornéo, aux Célèbes, à Bali, en Nouvelle Guinée, le masque possède la même identité ethnico-religieuse. Il est l’expression imaginée, voire révélée d’un esprit dont on sollicite la protection.

Le théâtre s’est emparé du masque pour révéler une abstraction. Que ce soit le théâtre grec dans l’Antiquité ou le théâtre Nô japonais. Par sa prédilection pour l’apparence et la réalité, William Shakespeare utilise parfois un masque invisible dans ses pièces. Ainsi, Hamlet porte le masque de la folie destiné à dénoncer le “quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark”.

Produit du bois de l’arbre, sous le ciseau du sculpteur, le masque révèle une entité imaginée par l’homme. Il transgresse la notion de la verticalité contenue dans l’arbre par une horizontalité appartenant au monde des hommes dans le cercle communautaire comme aux quatre coins de l’univers.

Masques! Ô Masques!

Masques noirs masques rouges, vous masques blanc-et-noir

Masques aux quatre points d’où souffle l’Esprit

Je vous salue dans le silence!

Et pas toi le dernier, Ancêtre à tête de lion.

- Léopold Sédar SENGHOR -


Cette même notion d’horizontalité, qui vient d’être évoquée, fait appel au symbole universel de la croix. Comme le masque, elle peut être un produit issu du bois de l’arbre. Dans sa fonction de gibet, elle évoque surtout la mort du Christ.

1.4.La croix. Ce signe est un des quatre symboles élémentaires universaux, comme le sont le point, le


cercle et le carré. La croix est le signe de l’expansion du point dans le cosmos (le cercle) et délimite aussi le carré (la Terre). L’Ankh égyptien s’associe au symbolisme de la croix. On la retrouve chez les Babyloniens, puis en Inde, en Chine, au Mexique…Sous Constantin, le Christianisme l’adopte comme symbole de la chrétienté. Depuis, elle revêt toutes sortes de formes:  croix grecque ou latine, croix de Lorraine, de Saint-André (Écosse), de Malte, croix celtique, croix papale, swastika, etc.. Elle est devenue religieuse (croix huguenote, croix de Jérusalem, copte, orthodoxe, éthiopienne), culturelle (croix occitane, croix de Camargue), politique (croix gammée) ou tout simplement sociale (la croix rouge). On note également que les premiers alphabets l’ont intégré comme un signe graphique (phénicien [Th], tifinagh berbère [T / t]).

Mais évidemment, l’impact de la religion chrétienne a diffusé son image à travers le monde comme l’un des grands symboles universels. Le Christ crucifié sur une croix (vraisemblablement d’ailleurs en Tau) donne au sacrifice la puissance universelle d’une verticalité alliée à une horizontalité. Une image hautement symbolique qui se positionne sur un mont (le Golgotha) et s’allie au “mystère” de la Trinité puisqu’elle est accompagnée de deux autres suppliciés.

1.5.Le totem. Cette effigie amérindienne a déjà été évoquée parmi les autres éléments de la verticalité (partie VI). Mais il paraît utile de revenir brièvement sur cette image symbolique pour étayer les composantes de l’arbre. Avant tout parce que l’effigie du totem est taillée dans le tronc d’un arbre. C’est donc un arbre devenu approprié par Une famille, un clan, s’approprie donc un tronc d’arbre pour en faire un marqueur familial. D’ailleurs, dans la langue des Ojibwés, le mot désigne la “famille”. Il s’agit donc littéralement de l’arbre généalogique d’un clan familial. Or les figurations appartiennent au monde animal. Dans les croyances ethniques, chaque animal possède un pouvoir déterminé. Le totem est très souvent coiffé par l’effigie d’un aigle. Le ‘thunderbird’ (“oiseau-tonnerre”) était l‘animal sacré des Amérindiens. Le parallèle avec Zeus est inévitable. Mais le même parallèle existe avec le dieu nordique Thor. Quoi qu’il en soit, les ailes donnent au totem la propension d’un envol vers le monde céleste. On retrouve ainsi la triade: monde des morts / monde des vivants / monde cosmique, sans oublier les trois niveaux de la vie terrestre: le monde végétal, le monde animal et le monde des humains.

1.6.L’arbre généalogique. L’analyse du totem nous fait rebondir sur un concept du langage appelé l’arbre


généalogique. On entame un passage vers le monde de l’abstraction où les racines et l’effigie de l’arbre s’identifient à un symbole de la vie terrestre. L’arbre du paradis perdu en devient un illustre ancêtre. Pour retracer retrouver nos origines familiales, on a coutume de faire appel aux ramifications d’un arbre. De telle sorte que certains pays s’identifient à un arbre figurant sur le drapeau: le Liban, le Canada, le Mexique, Haïti, Fiji, le Belize, la Guinée Équatoriale. C’est dire combien ce parallélisme est cher aux hommes.

1.7.Le sapin de Noël. Dans la tradition païenne, on célébrait le solstice d’hiver avec un sapin décoré de fleurs, de fruits et de blé. Le sapin est bien sûr un arbre à feuilles persistantes. On retrouve donc ici les racines d’un vieux symbole assyrien évoquant un renouveau de la nature après une mort apparente au cours de l’hiver. La chrétienté a utilisé cet aspect symbolique pour étayer l’idée d’une promesse de résurrection spirituelle. Quand on ajoute des lumières à “l’arbre de Noël”, on célèbre alors l’allongement de la lumière du jour au solstice d’hiver (le 21 décembre). Ce sont Curieusement, les Alsaciens ont ensuite généralisé cette tradition. 

Païen à l’origine, ce rite s’est greffé sur la fête chrétienne en fonction de son interprétation sous-jacente. Le sapin appartient à la famille des conifères. Son image renvoie à l’idée d’une immortalité spirituelle. Le sapin de Noël renforce le concept de la naissance du Christ. Sa forme triangulaire correspond à la notion trinitaire de l’Église. Mais c’est aussi celle des trois rois Mages, porteurs d’offrandes. Les cadeaux de Noël sont alors disposés sous le sapin de Noël. Quant à l’étoile que l’on fixe tout en haut de l’arbre, elle rappelle celle de la Nativité. Cet arbre est donc une autre version de l’arbre de vie, axe terrestre liant le bas et le haut. 

La Franc-maçonnerie privilégie le concept de la Lumière et du renouveau à travers le rite de la Saint-Jean d’hiver. Il s’agit d’un autre moment symbolique ancestral: la fin du cycle de la nuit et le début du cycle du jour grandissant qui culmine à la Saint-Jean d’été (le 24 juin, solstice d’été). Le solstice est l’expression du cycle de la dualité terrestre, immuable à l’image du serpent se mordant la queue. Cet ouroboros grec [οὐροϐόρος] est en fait originaire de l’Égypte ancienne.


2.Quelques espèces caractéristiques.

On pourrait faire une analyse exhaustive des associations entre les espèces d’arbres et le genre  humain. Cette analyse fait le choix d’en sélectionner un échantillon représentatif.

2.1.Le bouleau. Cet arbre au tronc blanc et noir est à l’image de la dualité terrestre. En Laponie, le


bouleau tient une place importante chez les Samis. Aujourd’hui sédentarisés, les Samis utilisaient autrefois une hutte de forme circulaire, appelée une goahti, dont l’armature était en bois de bouleau. Il est difficile de ne pas rapprocher la goahti du tipi ou de la yourte mongole et kazakh. Le bois de bouleau continue à être un élément utilitaire important dans la culture samie. Le renne tient lui aussi une place essentielle dans cette société. Le nomadisme d’antan respectait donc les fondements de la triade homme-arbre-animal.

2.2.L’acacia. C’est un vieux symbole du monde méditerranéen. En Égypte, c’était l’Arbre de Vie. Yokébed, la mère de Moïse abandonne son fils dans un panier d’acacia sur le Nil. Il est dit que l’Arche d’alliance était fait d’acacia; l’arche de Noé aussi. Mais surtout, le Saint des saints du Temple de Salomon était lui aussi en bois d’acacia. La Franc-Maçonnerie l’a ensuite adopté. Selon la légende de la mort d’Hiram, après son assassinat, une branche d’acacia a été trouvée sur la tombe du Grand Architecte du Temple.

Christiane Desroches Noblecourt mentionne ceci:”Sur la tombe d’Osiris avait jailli l’acacia. En s’inspirant de la légende du dieu martyr, les Phéniciens firent verdir la même végétation sur la sépulture d’Hiram, le grand architecte assassiné. Et son mythe, inspiré du profond symbolisme égyptien, fut repris dans le rituel maçonnique pour se retrouver de nos jours même en Occident”.

Les épines de cet arbre réputé dur et imputrescible symbolisent les épreuves et les difficultés rencontrées dans la vie d’un homme. Au grade de Maître, la branche d’acacia prend une valeur initiatique. Parallèlement, la couronne du Christ était faite d’épines d’acacia.

Associé au deuil, à la fidélité, l’acacia est un symbole d’immortalité. D’autant plus qu’on dit qu’il repousse longtemps après avoir été coupé. Le mimosa en est une variété fleurie, de même que le myosotis, dont le nom anglais est ‘Forget-me-not’ (“Ne m’oublies pas”).

2.3.Le cèdre [Cedrus libani]. Arbre majestueux des montagnes du Liban, il a donc fait partie du 


patrimoine phénicien dès la protohistoire. Il a donc tout naturellement été utilisé pour confectionner la charpente des navires marchands phéniciens. Leurs voisins immédiats avec qui ils commerçaient en ont fait usage. C’était le cas des vaisseaux égyptiens sur le Nil. Mais comme le cèdre est un conifère, que son bois est réputé imputrescible et qu’il peut vivre très vieux, il est devenu un symbole d’immortalité. Il s’identifie donc au monde du sacré. Les Égyptiens l’utilisent pour en faire des cercueils, des statues et parfois même des colonnes de temples. Sous Salomon, les Hébreux l’utilisent pour la charpente du Temple de Jérusalem.  

2.4.Le chêne [Quercus]. De par son investiture par la divinité suprême, cet arbre majestueux revêt un caractère sacré. C’est l’arbre de Zeus, associé à la foudre. Il a donc une valeur axiale de lien entre le ciel et la terre. Le sanctuaire de Dodone dédié à Zeus avait un grand chêne. Ulysse était venu consulter l’oracle de Dodone à deux reprises. La massue d’Héraklès (Hercule) était faite en bois de chêne. Quant à la Toison d’or, elle était suspendue à un chêne devant lequel se trouvais un dragon.

Les Celtes ont voué une véritable adoration pour le chêne dont la force a inspiré la sagesse des druides. Arbre de la régénération et de l’immortalité, son fruit, le gland, est un symbole de fécondité et de prospérité.

Il est vain, si l’on plante un chêne, d’espérer

S’abriter bientôt sous son feuillage.”

Antoine de SAINT EXUPÉRY

 

2.5.Le pipal [sanskrit: pippsla, latin: Ficus religiosa]. Cet arbre est sacré pour les hindouistes et les


bouddhistes. Plus particulièrement encore dans le bouddhisme, car c’est l’arbre sous lequel Siddhartha Gautama s’est assis et a atteint l’Éveil (Bodhi). Sous son feuillage, il a pu libérer son âme (le Nirvana). Surnommé l’arbre de la Bodhi, il sert de décor aux peintures murales des temples et sa feuille est un motif classique de l’art bouddhiste. Son nom anglais est ‘Bodhi Tree’ et parfois ‘Bo Fig Tree’.


Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,

Forêt! c’est dans votre ombre et dans votre mystère,

C’est sous votre branchage auguste et solitaire,

Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,

Et que je veux dormir quand je m’endormirai.

Poème Aux Arbres, Victor HUGO


3.L’arbre, digne symbole culturel.


On voit donc que l’arbre, miroir végétal du monde humain, devient souvent une allégorie culturelle caractérisant, selon la latitude et le climat, l’essence même d’un groupe ethnique. Il y a le baobab africain et même australien, mais aussi le séquoïa de la côte pacifique américaine, le cèdre libanais, l’érable canadien, le cerisier japonais, le saule pleureur chinois, le chêne druidique, le ficus du sous-continent indien…



-Le drapeau berbère (amazigh)

Sociologiquement parlant, l’Afrique du Nord, dans son étendue géographique continentale, de  l’Égypte occidentale, aux îles Canaries, est une terre berbère, d’un peuple qui dénomme lui-même les Imazighen [ⵉⵎⴰⵣⵉⵖⵏ]. En langue Tamazight, cela se traduit par “les hommes libres”. Le singulier du mot est Amazigh [ⵉⵎⴰⵣⵉⵖⵏ,]. Il est important de s’arrêter sur l’écriture tifinagh pour comprendre ce qui suit. Le Tifinagh est un système alphabétique aussi ancien que le phénicien.

On remarque que le signe Yaz [] - correspondant au /z/ - se situe au cœur de la racine du mot.

Le mot “arbre” en Tamazight s’écrirait ainsi: [ⵜⴰⵣⴰⵎⵓⵔⵜ]

Le mot “Homme” donnerait: [ⴰⵔⴳⴰⵣ]

Or le Yaz est devenu le signe de ralliement culturel de tous les Berbères. Il apparaît au centre du drapeau berbère (voir l’image). L’interprétation identitaire paraît intéressante sur plusieurs plans. 

Hormis, la connexion linguistique qui vient d’être faite, si l’on considère l’image colportée par [], on peut y voir un signe symbolique possédant trois interprétations juxtaposées. 

-Tout d’abord il se compose lui-même de trois éléments: un trait vertical reliant deux demi-sphères  opposées. La demi-sphère inférieure est tournée ver le bas, la Terre; celle de la partie supérieure est orientée vers le haut, le Ciel.

-Le signe Yaz peut être vu comme l’image simplifiée d’un arbre. 

-Or, on a vu que l’image de l’arbre se substitue souvent à celle de l’Homme. D’ailleurs, les familiers des danses berbères savent justement que l’on danse les bras levés  en équerres, exactement de la même façon.

Une identification symbolique se fait à travers l’inconscient collectif. Elle se révèle ensuite en exprimant une appartenance culturelle. Après la période post-colonialiste, le peuple Amazigh s’est mis en quête de rechercher sa véritable identité. Le panarabisme post-colonial a été rejeté, puisqu’il   ne répondait plus aux questions identitaires ancrées dans la langue et les traditions vernaculaires.  L’histoire et la science ont peu à peu révélées les racines originelles d’un peuple à la recherche de sa propre identité. Alors, comme c’est souvent le cas, cette quête se cristallise sur un signe de ralliement symbolique. C’est ainsi qu’il faut voir l’effigie du Z berbère: une sorte d’Arbre de vie identitaire.


4.L’écologie de la forêt. 


Le changement climatique et l’exploitation grandissante de la forêt, sont des menaces pour le bien-être de la planète. En d’autres termes, les arbres, et donc les forêts sont au cœur des préoccupations de l’Homme moderne.

De Victor Hugo à André Malraux, “ces chênes qu’ont abat” se comptent par milliers. L’arbre joue un rôle essentiel  dans le cycle de l’eau et de l’air. L’homme moderne joue aux apprentis sorciers. Il faut donc écouter la voix de la sagesse. Le texte suivant, venu d’une Asie qui s’est toujours efforcée de vivre en harmonie avec son environnement naturel, l’évoque admirablement:


Supplique de l'arbre


Homme!

Je suis la chaleur de ton foyer par les froides nuits d'hiver,

L'ombrage ami lorsque brûle le soleil d'été.

Je suis la charpente de ta maison, la planche de ta table. 

Je suis le lit dans lequel tu dors et le bois dont tu fis tes navires.

Je suis le manche de ta houe et la porte de ton enclos. 

Je suis le bois de ton berceau et aussi de ton cercueil. 

Ecoute ma prière veux-tu ?

Laisse-moi vivre pour tempérer les climats et favoriser l'éclosion des fleurs.

Laisse-moi vivre pour arrêter les typhons et empêcher les vents de sable.

Laisse-moi vivre pour calmer les vents, pousser les nuages

et apporter la pluie qui véhicule la vie du monde.

Laisse-moi vivre pour empêcher les catastrophiques inondations qui tuent.

Je suis la source des ruisseaux. Je suis la vraie richesse de l'état.

Je contribue à la prospérité du plus petit village.

J'embellis ton pays par la verdure de mon manteau.

Homme, écoute ma prière

Ne me détruis pas!

[Texte ancien d'un sage indochinois]


Il n’est pas anodin d’évoquer la symbolique de l’Arbre pour mieux comprendre pourquoi il joue un rôle capital dans la vie des Hommes. On peut alors mieux saisir la raison pour laquelle on évoque la métaphore de l’Arbre de Vie.


Tous les symboles font partie de notre quotidien. Pourtant, il est devenu difficile aux hommes modernes de percevoir le sens caché et profond d’une image. Cette image peut être au fond banale, alors que pourtant elle recèle quelques beaux secrets. Ces images ont donc besoin d’être perçues et analysées à leur juste valeur. Il faut être en mesure d’en extraire “la substantifique moelle”. Nous sommes entourés de symboles. Il s’agit seulement de les reconnaître et d’en extraire l’essence. 

Christian Sorand


BIBLIOGRAPHIE:

BEIGBEDER.O. - La Symbolique, Que Sais-je?, PUF, Paris, 1975

BENOIST.L. - Signes, Symboles et Mythes, Que Sais-je?, PUF, Paris, 1975

CHEVALIER.J & GHEERBRANT.A - Dictionnaire des Symboles, Ed.Seghers & Ed.Jupiter,   Paris, ISBN:2-221-50211-6

DESROCHES NOBLECOURT.C. - Lorsque la nature parlait aux Égyptiens, Éd. Philippe Rey, 2003, ISBN: 2-84876-004-4

GIBSON.C.- Comprendre les Symboles, Larousse, 2017, ISBN: 978-2-03-589951-4

HAMILTON, Edith - Mythology, Timeless Tales of Gods and Heroes, Grand Central, New York, 1999, ISBN: 978-0-446-57475-4


 


Tuesday, December 29, 2020

From Thailand to France via Italy

 The Covid-19 pandemic triggered my return back to Europe after thirty years in southeast Asia, among which I spent the last nine years in Thailand.

FLIGHTS BACK to EUROPE

*Suvarnabhumi International Airport was unusually empty. Here is one of the busiest hubs in the world that tonight looked totally deserted. It was particularly striking after the immigration control. The international tax-free section is usually packed with travelers. But tonight, it was dark and gloomy: all the shops, coffee shops, and restaurants were closed. All lights had been dimmed. It was an eerie feeling. 


Even the flight to DOHA aboard the Qatar Airways B777-300ER had few passengers. There were only four people inside the two business class cabins!



*Hamad International Airport was hardly different. It was less gloomy than Bangkok but certainly incredibly deprived of its normal activity. The business lounge had slightly more people in transit but it was also far from its usual frequentation.






The Qatar Airways B787-8 Dreamliner flight to ROME had slightly more passengers on board but this is due to the fact that Doha Intl. is a hub from many overseas destinations filtering through one major route.

*Fiumicino International Airport was another eerie sight, despite the fact that there was an unusual queue at the police control to filter the passengers after a long health channel.

Due to the time zones westwards, it was around midday here in Italy, when in fact I had left Bangkok in the early hours of the morning. 

Here, in ROME, I was expected by two friends, who had come to pick me up. They whisked me off to the northern coast of Italy. A new trip. had started...


Saturday, December 26, 2020

THE BAY OF PATTAYA

 


It is more common to talk about Pattaya City than about its immediate surroundings. Yet, its large bay has much to offer and there are many sights worth to be seen.

At the harbor, near the hill, it is possible to ride the ferry to the outer islands, in particular to KOH LAM. But this review deals more with the coastline, which I revisited recently.

JOMTIEN BEACH.

This long stretch of sandy beach has been cleaned and revamped by the local authorities. The trees provide a natural shade, while the pedestrian walkway offers a pleasant alternative.

With all its highrise constructions, Jomtien remains an urban seaside resort, although it has a definite Thai touch, which makes it more pleasant.

But the farther away you go from the downtown center, the more pleasant it becomes. A series of new boutique resorts have now been opened, offering a full sea-view on the bay.

BAN AMPHUR BEACH.

This long shady beach has become more developed recently. There are many upscale restaurants and open coffee shops here. It is a favorite hotspot for young Bangkokers. It is definitively a more quiet place than Jomtien and a pleasant area to rest on the beach or go swimming.




BANG SARAY BEACH.

This is the latest upscale development with a super white sandy beach. It is on the East side of the bay on a small peninsula on the other side of the SATTAHIP Royal Thai Navy base.

Bang Saray is a fishing village, so there are a few seafood restaurants in the vicinity.




Monday, November 30, 2020

PATTAYA HILL: A great alternative


The hill forms a promontory between Pattaya City and Jomtien Beach. Although it is densely built with many high-rise buildings, it is a location that has kept its own charm by offering a clear break from the other best-known local places.

There are shops and condominiums, as well as hotels, resorts, and restaurants. But its clear asset is that it has managed to keep some of its green environment and splendid lookouts on the city, the bay, and the far-off islands. It even offers a sandy beach of its own at the foot of the hill.

These days, one of the trendiest places is Pattaya Sky Gallery that offers drinks and food in a wonderful terraced garden overlooking the Gulf of Thailand. This is truly a wonderful place for a great chill-out in the afternoon or in the evening.

The other great place to go is the Big Buddha Temple, which is not only picturesque but also offers a great panorama of Pattaya City.

Pattaya Hill offers a good alternative for those who like a more quiet lifestyle than the usual festive mood of Pattaya City. 















Sunday, November 29, 2020

Symbolique - VI. De L’AXE à la COLONNE

Parmi les quatre symboles fondamentaux, l’image universelle de la croix indique l’expansion de la Création vers les quatre points cardinaux. En tant qu’extension linéaire du point, elle préfigure le cercle (le Ciel) et le carré (la Terre). En décomposant les deux lignes directionnelles, le trait horizontal relie l’Est à l’Ouest, tandis que le trait vertical relie le Nord au Sud. Or, physiquement parlant, ce trait vertical terrestre, reliant les deux pôles, est appelé l’axis mundi, puisqu’il indique l’axe de rotation de notre planète.
Ainsi donc, on passe d’un trait vertical à la notion d’un axe vertical. Appliqué à la surface terrestre cet axe vertical va aussi servir à la notion alchimique du haut et du bas. En d’autres termes, l’axe vertical va symboliser un axe imaginaire reliant la Terre au Ciel. Par voie de conséquence, la ligne verticale va indiquer une aspiration spirituelle d’élévation au même titre que la montagne. Pour les Hindous ou les Bouddhistes, le mont Kailash au Tibet est l’axe du monde.
À partir de cette notion de base, cet axe va prendre différentes fonctions: le bâton, la canne, le sceptre, le totem, le pilier, le mât, la colonne, l’obélisque; il va même devenir monumental: la ziggourat, la pyramide, la flèche du sanctuaire, le clocher ou le minaret.
1.Le bâton. Cette image apparaît dans de nombreux mythes. Il y a le bâton d’Esculape, celui ailé

d’Hermès, mais aussi le bâton du Maréchal ou bien celui du pèlerin dont d’ailleurs Moïse pourrait en être l’origine. Curieusement ce bâton est associé au symbole chthonien du serpent (Esculape, Hermès et même Moïse). On peut tout aussi bien l’associer à la symbolique de l’arbre, puisqu’il en est une branche. On pense alors à cet arbre de la Connaissance du Bien et du Mal de l’Eden, où justement, on retrouve encore le serpent. Le bois et le reptile semblent faire bon ménage. Mais ce serpent s’enroule autour d’un axe, pointant la tête en haut. On peut l’interpréter comme un signe de la soif d’une connaissance terrestre s’interrogeant sur les mystères cosmiques. Or, l’ondulation horizontale su serpent devient verticale, en s’enroulant autour de l’axe du tronc. Et ce même arbre est un pommier!
En 1698, l’explorateur canadien, d’origine normande, Pierre Le Moyne d’Iberville (1661-1706), est parti de la La Nouvelle Orléans pour explorer la vallée du Mississippi. Un peu plus au nord, l’expédition découvrit un poteau rouge planté dans le sol. Il délimitait deux nations amérindiennes: le territoire des Bayagoulas (au sud) et celui des Oumas (au nord). On sait que les tribus indiennes étaient surnommées les Peaux Rouges parce qu’ils se badigeonnaient le corps de terre rouge. Ce bâton était de cette même couleur et a donc été décrit comme étant un “bâton rouge”. Depuis, cet endroit est devenu le site de la capitale de l’état de la Louisiane, Bâton Rouge.
2.Le totem. Pour rester dans le domaine amérindien de cette partie du continent, on se doit d’évoquer cet autre tronc emblématique appelé le totem. Ce terme appartient à la langue des Algonquins. Il est toutefois caractéristique de la partie nord-ouest du continent. Il reste donc une forme culturelle régionale

symbolisant sous une forme animale, souvent ailée, le lien existant entre les vivants et les ancêtres, plantés sous cet axe. Comme les Amérindiens vivent en symbiose avec la Nature, le totem peut donc s’inspirer du monde végétal ou minéral, tout autant que du monde animal. La présence de créatures ailées stigmatise vraisemblablement une connexion spirituelle. Claude Lévi-Strauss a consacré une étude sur les tribus indiennes de la Colombie-Britannique de la côte Pacifique du Canada. Dans ces cultures indigènes, la danse et le masque sont étroitement liés à “l’omniprésence du surnaturel” et au “pullulement des mythes.” [p.9] L’anthropologue explique l’origine du lien symbolique de l’axe vertical entre le haut et le bas, au travers de la danse et du masque. “Ils dansaient en montrant le ciel du doigt pour rappeler que […] leurs ancêtres en étaient descendus” [p.20]. “Les versions de l’île (de Vancouver) relatent qu’aux premiers temps, les ancêtres des masques tombèrent du ciel” [p.21].
Généralement, on pense que le totem est l’apanage exclusif des Amérindiens du continent nord-américain.

Or, en fait, cette tradition existe aussi parmi les cultures de la grande forêt de Bornéo. Dans les communautés Dayak traditionnelles, on trouve souvent une variante du totem. Taillé dans un tronc d’arbre, cette sorte de pilier noir adopte la fonction symbolique de l’axe vertical. où l’on a sculpté des volutes et des effigies. Un observateur expatrié local décrit la fonction actuelle du “poteau dayak” à Eheng, une communauté dayak des bords de la Mahakam, au Kalimantan. “Après avoir assisté au taillage du fût totémique, appelé sepunduq, on le destinait à être érigé dans la clairière située devant la “longhouse” pour servir de poteau d’attache à une bête de sacrifice, à l’apogée de la cérémonie. Autrefois, cela aurait été un sacrifice humain.” [The totem pole or sepunduq I observed being carved was to be erected in the clearing in front of the longhouse, where it would serve as a hitching post for a sacrificial beast at the climax of the ceremony. In earlier times a human sacrifice would have been offered].  Comme il s’agissait d’un rite funéraire, on retrouve donc ici l’idée d’un lien spirituel entre les vivants et les ancêtres.
3.Le sceptre et la canne. L’un des attributs de la royauté demeure le sceptre. Évidemment, on le trouve

tout d’abord en Égypte. Le Pharaon qui règne sur la Basse- et la Haute-Égypte porte un double sceptre croisé: le crochet et le fouet. À noter, qu’il porte parfois une mitre sur la tête. Le parallèle s’impose avec l’évêque qui, outre la mitre, avance accompagné d’une canne. Le lien s’étaye aussi avec l’image bucolique du berger portant une longue canne pour surveiller son troupeau de moutons. Le sceptre est donc un lien entre le Ciel et la Terre. Pharaon était le fils de Rè (ou Ra), de même que l’Empereur de Chine était le Fils du Ciel. N’oublions pas que Zeus, roi de l’Olympe a pour sceptre l’éclair, ce feu du ciel prêt à frapper la Terre. Le sceptre est alors resté un emblème du pouvoir et de la royauté. Il porte parfois un emblème culturel: une fleur de lys pour les Rois de France, un aigle pour l’Empereur. Pour le berger vivant sous la voûte étoilée (n’oublions pas qu’il existe une “étoile du berger”) c’est un axe du monde appelant la pluie bénéfique au bien-être de son troupeau. L’image du berger s’est perpétrée dans le rituel chrétien.
4.Le pilier. On retrouve une nouvelle fois une lointaine descendance préhistorique du “Djed” égyptien. Le pilier est souvent associé à la verticalité du tronc d’arbre, puisqu’a l’origine, il est en bois. C’est donc un symbole de stabilité reflétant l’harmonie de l’univers tel que mythe d’Osiris le décrit. D’ailleurs le signe hiéroglyphique utilisé est un terme signifiant l’idée de “stabilité”. Son image a souvent été reprise ensuite sous la forme d’une amulette. Il fait aussi partie des croyances des Dayaks dans la grande forêt de Bornéo.

En décrivant la yourte mongole, l’ethnologue Pascal Dibie en décrit l’intérieur de cette manière: ”Le terme mongol approprié qui désigne cette habitation de feutre est ger. […] Les linguistes notent que le terme ger indique l’étroite dépendance entre maison, femme et famille. […] Ceci pour insister sur le fait que la fondation d’un nouveau foyer et l’acte de mariage équivaut à l’érection d’une nouvelle ger. Installé au
centre du toit conçu comme étant à l’image du ciel, le toono est à sa façon une porte, mais une porte intermédiaire et verticale qui maintient l’axe entre le monde des humains et le monde supérieur: un passage réservé aux esprits.”. Ce même ethnologue ajoute la remarque suivante au sujet du tipi des Amérindiens: ”On dit que jadis un tipi était plus proche d’un temple que d’une maison: le sol du tipi représentait la Terre Mère, les murs le ciel et les perches le chemin entre la terre et le pays des esprits, autrement dit la route entre l’homme et Wakan-Tanka.
Jean Servier, historien et ethnologue, professeur à l’université des lettres et des sciences humaines de Montpellier, était un spécialiste de la culture berbère. En décrivant les rites de construction kabyle, voici ce qu’il a écrit: ”Les rites de construction dans leur diversité apparente sont les signes et les rappels du contrat d’alliance passé entre un groupe humain - une famille - avec son clan et avec l’Invisible : saints protecteurs, ancêtres, génies gardiens.” Il évoque justement la cérémonie liée à la pose du pilier central. Il ajoute donc le commentaire suivant: ”Le pilier central et la poutre maîtresse représentent symboliquement le couple qui va vivre dans la maison.” Simple remarque linguistique qui mériterait sans doute d’être développée: en français “le pilier” est de genre masculin, alors que “la poutre” est de genre “féminin”. Il y a “le soleil” (Râ, Osiris, Hélios, Apollon) et “la lune” (Isis, ), le feu (triangle, pointe en haut) et l’eau (triangle, pointe en bas), etc…
En Thaïlande, il existe une tradition liée au Pilier fondateur [Lak Mueang]. Chaque ville importante

possède un mausolée abritant le pilier marquant le lieu de la fondation. À la mort du roi Taksin à Thonburi, le trône siamois est passé à la dynastie actuelle des Chakri. Rama Ier a donc voulu fonder une ville nouvelle sur l’autre rive du Chao Phraya, l’île de Rattanakosin. C’est donc là que se trouve  le mausolée du Pilier de Fondation de la Cité des Anges (Bangkok), à deux pas du Grand Palais, à l’angle nord-est de Sanam Luang (l’espace royal). Ce lieu fait l’objet d’un véritable culte phallique, très fréquenté par les Thaïs.  
5.La colonne. Parallèlement au pilier, la verticalité de la colonne est un élément appartenant à l’architecture. C’est d’abord un élément spécifique du temple. Par conséquent, la colonne revêt un aspect mystique en dépit de ses aspects culturels différents. Elle conserve la fonction initiale de lien entre le bas et le haut, la Terre et le Ciel. Chaque dieu grec entretenait son culte dans un temple. Ainsi, le mythe d’Apollon avait rendu

Delphes célèbre pour les mystères d’Éleusis. Perchée tout en haut d’un banc, la Pythie s’identifie à une véritable colonne vivante, servant de médium entre le dieu et les profanes. La mise en scène incluait un voile de vapeurs sorties des entrailles de la Terre. Après s’être intéressée au site de Delphes, la Science a révélé que ce lieu se trouvait effectivement sur une faille tectonique qui autrefois émettait des fumerolles d’origine volcaniques. Mais il est intéressant de lire aussi les éléments de ce mythe défini par la conception trilogique grecque. On est en présence d’un dieu communiquant par l’intermédiaire d’une vierge avec les hommes. Ce lien est à double sens: du haut vers le bas, mais aussi du bas vers le haut. Les vapeurs du lieu ont la même fonction que l’encens qui brûle dans un sanctuaire; sauf que la fumée, naturelle et permanente, provoque une aura de mystère. Les trois étages du monde grec sont donc sous-jacents: l’intérieur de la terre, la surface du monde profane et la demeure céleste du dieu. Quelle belle alchimie!  
En architecture, le terme “colonne” vient du mot latin “columna”. S’il est probable que cet élément soit originaire de l’Égypte ancienne, c’est surtout la Grèce antique qui apporte les trois styles la caractérisant le

mieux: le style dorique, l’ionique et le corinthien. Comme le monde de la mythologie grecque présente un goût immodéré pour le chiffre trois, on remarque qu’outre ces trois styles, la colonne se compose aussi de trois éléments: une base, un fût et un chapiteau. 
En outre, la colonne sert à célébrer des moments historiques de l’Histoire souvent liés à glorifier des héros. À Paris, la colonne de la place Vendôme est dédiée à Napoléon Ier, identifié à un empereur romain. Sur la place de la Bastille, il y a la colonne de la Liberté. Cet emblème se retrouve d’ailleurs dans d’autres villes du monde; à Mexico, par exemple. À Londres, la colonne de Trafalgar Square est dédiée à l’amiral Nelson; Rome possède la colonne Trajan. Cette tradition perpétue donc le mythe du héros grec qui, par ses actes, arrive parfois à être invité à rejoindre le monde des Olympiens (Héraclès, par exemple).
6.L’obélisque. Il s’agit du monument architectural qui est peut-être le plus chargé de symbolisme et dont la répartition géographique est devenue universelle. Quelles grandes cités terrestres n’ont pas leur obélisque?

Le terme d’obélisque provient à l’origine du grec ancien [obeliskos, ὀϐελίσκος], mais il appartient avant tout à la civilisation égyptienne. Selon la mythologie d’Héliopolis, ce serait un rayon de soleil sous lequel Atoum-Ré se serait manifesté pour la première fois. À l’image de la colonne, l’obélisque comporte lui aussi trois éléments: un piédestal, un fût quadrangulaire dégressif et une pointe rappelant la pyramide et appelée un pyramidion. Symboliquement, sa forme schématise un passage d’une base carrée qui s’affine en pointe et révèle ainsi un passage du bas vers le haut, du profane au sacré. Sa structure l’associe aussi à un symbole phallique, porteur de fertilité, associé au soleil. C’est pourquoi le pyramidion est souvent recouvert d’or. Christiane Desroches Noblecourt écrit que “l'obélisque représente un rayon de soleil pétrifié, et en même temps le sexe de l’astre.” Elle ajoute que “le pyramidion est couvert d'électrum, un alliage naturel de 75% d'or, de 23% de cuivre et de 2% d’argent.” Dans une Loge maçonnique, la pierre brute, à gauche, fait place à une pierre taillée, à droite, qui n’est autre qu’un pyramidion. Or cette partie haute de l’obélisque, étant la plus élevée, glorifie les aspirations de l’homme et la perfection terrestre, où “tout est juste et parfait”. L’obélisque recèle assez mystérieusement l’effigie du nombre trois. Tout d’abord, il est composé d’un piédestal supportant le corps de l’obélisque, surmonté du pyramidion. Ensuite, du moins chez les Égyptiens, il était taillé dans du granite. Or cette roche contient trois minéraux: le quartz, l’orthose et le mica. 

Étonnement aujourd’hui, un grand nombre de capitales et de villes du monde sont ornées d’un obélisque. En voici quelques exemples célèbres. À Paris, sur la place de la Concorde, il y a l’obélisque du temple de Louxor (23m de haut), érigé à la demande de Louis-Philippe. À Washington D.C., le Washington Monument est un obélisque (de 169m) édifié en 1848 à la gloire du général Washington, franc-maçon et premier président. Dans “The Lost Symbol”, l’auteur Dan Brown lui accorde une place toute particulière. Londres a également son obélisque égyptien: Cleopatra’s Needle. Il existe un double de ce dernier édifice, à Central Park, à New York. L’obélisque de Buenos Aires (1936, 68m) glorifie le centenaire de la capitale argentine, tandis que le Victory Monument de Bangkok (1942) célèbre la victoire de la guerre franco-thaïe. À Istanbul, l’obélisque de Théodose provient du temple égyptien de Karnak. Rome ne possède pas moins de cinq obélisques, un autre chiffre symbolique qui sied à la Ville des Sept Collines. Le Hyde Park Obelisk de Sydney date de 1857. La ville historique d’Arles, première capitale de la Gaule romaine, a aussi son obélisque provenant de l’ancien cirque romain (du IVe siècle) et édifié au XVIe siècle sur ce qui est devenu aujourd’hui la place de la République.
Il convient donc, à ce stade, d’opposer la symbolique de la colonne à celle de l’obélisque. Plusieurs agglomérations majeures affichent parallèlement les deux structures. Outre un obélisque, Londres possède la colonne Nelson de Trafalgar Square, tandis que Paris affiche la colonne Napoléon sur la place Vendôme). À Lisbonne, l’obélisque de la place Restauradores est dédié à la victoire de la guerre de restauration (XVIIe), tandis que la colonne de la place voisine de Rossio supporte la statue du roi Dom Pedro IV. 
À l’instar de la pyramide, l’obélisque a une basse carrée se terminant en pointe (le pyramidion). 
La colonne, par contre, est circulaire. Le symbole du carré s’oppose à celui du cercle.
-La première semble représenter une assise terrestre tendant à glorifier la voûte céleste, traditionnellement celle des dieux. C’est en quelque sorte une continuation de la structure égyptienne faisant partie de l’architecture des temples. L’obélisque du monde contemporain tend plutôt à célébrer l’idée d’une unité nationale. 
-La seconde tient souvent de support à la statue d’un héros (Colomb à Madrid, l’amiral Nelson à Londres,

Napoléon à Paris, ou bien sert à célébrer un moment historique important tel que l’Ange de la Liberté sur la place de la Bastille à Paris. Cet édifice a d’ailleurs été reproduit à Mexico (El Angel de la Independencia). 
L’obélisque a une assise terrestre aspirant à une reconnaissance céleste. La colonne apporte une conception divine au héros. L’un est le signe d’une abstraction populaire et nationale, l’autre est l’emblème d’un héroïsme partagé ayant un statut quasi-divin.
7.Le Phare. Il existe une autre sorte de colonne emblématique appartenant au monde maritime. Il s’agit du phare, édifice bien connu des marins. Le mot d’origine latine, utilisé en français, rappelle le souvenir du célèbre phare d’Alexandrie, l’une des Sept Merveilles du Monde antique. Or, ce monument était en fait bâti sur l’île de Pharos (φάρος) au large de la ville grecque d’Alexandrie. 

Le phare, protecteur du monde marin, possède un élément supplémentaire important: la lumière. C’est vraisemblablement pourquoi en anglais le terme utilisé est “lighthouse”. En outre, le fait qu’il soit connecté à l’histoire d’Alexandrie l’associe à la célèbre bibliothèque qu’on n’hésitera pas à qualifier de “monument-phare” de l’Antiquité! Voilà comment ce terme arrive à transcender une origine balistique pour s’appliquer à toutes sortes de lumières emblématiques. Tant il est vrai que le terme “phare” s’applique abstraitement à tout ce qui sert de modèle, de guide, à l’instar de Prométhée apportant le feu aux hommes. Une image renvoyant à la Statue de la Liberté d’Auguste Bartholdi (1834-1904), autre franc-maçon célèbre,  à l’entrée du port de New York. Le flambeau porté en main droite incarne la flamme de la liberté venant éclairer le monde. Pourtant la verticalité du phare se double d’une horizontalité terrestre.

C’est en quelque sorte un miroir renvoyant la lumière céleste sur la platitude uniforme de l’élément marin pour protéger le navire des écueils. Le phare sert donc de relai à d’autres mythes: celui de la coupe, incarnée par la coque du bateau, ou bien l’image de la barque divine de Râ sur le Nil, ou encore  celle de l’arche de Noë. Peut-être faut-il aussi penser aux dangers de Charybde et de Scylla dans le détroit de Messine…On se rappelle alors cette célèbre mosaïque du musée du Bardo, à Tunis, où l’on voit Ulysse attaché au mât de son navire pour écouter le chant des Sirènes: triple image symbolique de la barque, du mât et d’un chant divin maléfique. Le phare protège du danger, de même le “métis” [Μῆτις] caractérise le héros (Ulysse), personnification de la sagesse et de la ruse en le protégeant du mal et de la force brute du Cyclope (Polyphème), ou encore des ensorceleuses (Circé, Calypso).  
8.Le Parasol. C’est probablement l’élément le plus inattendu de cette analyse en fonction de son utilisation généralisée dans les us et coutumes de notre vie contemporaine. Mais historiquement et culturellement parlant, son utilisation remonte au tout début des premières grandes civilisations de l’Égypte et du Proche-Orient. Sa description et son usage déterminent sa fonction symbolique initiale. Le

parasol est constitué d’une longue tige supportant une ombrelle de forme arrondie, destinée à se protéger du soleil. Derrière cette image concrète, le caractère abstrait du symbole se dissimule. O y perçoit tout d’abord une opposition entre l’ombre et la lumière. Ensuite, la tige tenue à mains d’homme est un axe vertical entre le bas et le haut, au sommet duquel la rondeur de l’ombrelle s’assimile à la voûte céleste. Cette fonction symbolique est attestée par l’usage royal qu’il en est fait dans l’Égypte ancienne ou la Perse. En Chine, le parasol, souvent de couleur rouge, indiquait la présence d’un dignitaire de haut rang. En Asie du Sud-Est, cette tradition se perpétue comme un élément de la royauté où d’ailleurs la couleur jaune, celle du soleil, est également un apanage de la noblesse. La tradition de l’ombrelle s’est étendue aux arts traditionnels, en Chine, au Japon, en Thaïlande ou au Vietnam, pour ne citer que quelques pays orientaux. Et dans la vie contemporaine des Asiatiques, elle sert maintenant à préserver la blancheur de la peau pour se préserver des rayons néfastes du soleil.
Une nouvelle fois, ce glissement prosélyte du parasol à l’ombrelle efface les origines symboliques de sa fonction initiale.  

    Dans le domaine des symboles qui nous entourent, la présence de la verticalité tient donc une place 
importante dans l’environnement terrestre. Dans notre inconscient collectif, il s’agit d’un lien invisible 
entre le bas et le haut. Ce lien tend à servir d’axe pour relier la coupe terrestre à la voûte céleste. Il aspire 
à recréer cet œuf originel, celui du paradis perdu après la Chute. Il dérive de la Tour de Babel avant la 
séparation des langues terrestres. Mais il s’agit ici de concepts occidentaux. Le monde oriental nous a 
légué l’existence du totem. Pourtant dans le bouddhisme le parasol divin ou royal demeure une image 
aux racines identiques. La tige du parasol, entre les mains de l’homme soutient l’image éblouissante du 
ciel que l’on craint et dont on se protège sous  une ombre bienveillante. Le souverain - le Fils du Ciel, en Chine - en est le premier bénéficiaire et c’est pour cela que le parasol est devenu un emblème royal en 
Asie, au même titre que le jaune, couleur du soleil. À Bali, les temples multiplient l’usage de parasols au 
dessus des statues des esprits, gardiens de la stabilité. Cette même verticalité est associée à Gautama 
Bouddha sous la forme du Cobra abritant le Maître des intempéries au moment de l’Éveil. On relèvera au passage cette image chthonienne du serpent du jardin d’Eden, du bâton d’Esculape ou encore du 
Quetzalcoatl précolombien.
La symbolique s’exprime au travers d’une foule d’images qui nous entourent. Mais ayant des profils différents selon la latitude et les cultures, elle perd souvent un peu de son identité originelle. Pourtant elle nous parle et nous révèle qu’au fond l’espèce humaine est partout la même. Les Thaïlandais ont une 
manière simple et humoristique pour corroborer cette idée: “same same, but different”!


Christian Sorand




BIBLIOGRAPHIE:

BROWN, Dan - The Lost Symbol, Corgi Books, 2010, ISBN: 978-0-552-18123-7

DESROCHES NOBLECOURT, Christiane - Symboles de l’Égypte, Desclée de Brouwer, 2004

DIBIE, Pascal - Ethnologie de la porte, Éditions Métailié, Paris, 2012, ISBN: 978-2-86424-841-5

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SERVIER, Jean - Les Berbères, Que Sais-je?, PUF, Paris, 2017, ISBN: 978-2-13-079283-3


Symboles bouddhistes: https://www.comprendrebouddhisme.com/connaitre/bouddhisme-symbole.html