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Friday, July 31, 2020

V - LE SYMBOLISME DE LA PYRAMIDE.

L’analyse développée dans ce texte est étroitement liée à la précédente (nºIV), dans laquelle il a été établi une distinction entre la montagne-temple et le temple-montagne. Un rapprochement spirituel similaire émerge quand on se penche sur la symbolique de la pyramide.

Si donc la montagne est à la source de la conception architecturale du temple, il est vraisemblable qu’en élevant une structure

pyramidale, l’architecte s’inspire également de la nature. Il n’est peut-être pas anodin de faire un rapprochement avec le mont Cervin (Matterhorn). Car c’est l’une des plus célèbres montagnes, dont l’apparence pyramidale cristallise le subconscient de l’humain. Or, la notion d’élévation spirituelle appartient bien aux arcanes les plus profondes du subconscient. “Le supraconscient est la partie la plus profonde, la plus magique et la plus divine de l’inconscient: il adresse un message parfait qui passe par les filtres de l’inconscient et se dirige parfaitement pour apporter le discernement spirituel et la joie de l’évolution transcendante et initiatique. Il est la fine pointe de l’inconscient (ou de l’âme), le siège de l’Esprit pur il peut être codé dans les rêves par un guide spirituel, un sage, un dieu, un cercle, un point, un centre, un sommet de montagne.” 

Vraisemblablement inspirée par Carl Jung, cette citation vient illustrer ce qui est dit au sujet de la pyramide et de sa fonction.


1.La composante géométrique. Le terme pyramide vient du grec [πυραμίς, pyramís].Toute réflexion sur les composantes d’une pyramide, fait ressortir les deux éléments des figures géométriques : le carré et le triangle. 

-Le carré peut être allongé (un rectangle). Il demeure un symbole universel pour représenter la Terre ou tout au moins un jardin, miroir terrestre (l’Eden biblique, le jardin des Hespérides, le tapis fleuri persan). Les quatre côtés symbolisent le chiffre pair quatre.

-Le triangle équilatéral est une seconde composante de la pyramide. C’est un symbole de stabilité. Comme il possède trois

angles ou trois côtés, il s’associe au chiffre impair trois. Il est donc étroitement lié au principe de la triade ou de la trinité. Le triangle possède aussi un aspect directionnel. La pointe tournée vers le haut indique le feu, principe masculin; tandis qu’avec une pointe tournée vers le bas, il est associé à la matrice terrestre et devient un principe féminin. L’Alchimie utilise le triangle pour représenter le principe du grand œuvre composé du soufre, du mercure et du sel. Le triangle tient évidemment une place importante dans la franc-maçonnerie. On pourrait résumer la fonction du triangle en disant qu’il peut être soit solaire (pointe en haut), soit lunaire (pointe en bas). Cette remarque s’applique à la construction habituelle de la pyramide, offrant donc une propension solaire.

De même que le carré s’allonge en rectangle, le triangle équilatéral peut aussi être isocèle ou droit et être utilisé sous ces formes en architecture. 

Quand en ajoute à un carré quatre triangles équilatéraux sur chacune de ses faces, on obtient une sorte de croix directionnelle, proche d’une rose des vents.

En passant de la géométrie plane à celle de l’espace, en élevant chacun des quatre triangles décrits précédemment, cet effet tridimensionnel  constitue  la forme d’une pyramide idéale.

L’architecture utilise ce principe pour élever une construction qui aura une ressemblance à celle de la montagne. C’est le cas des pyramides égyptiennes ou précolombiennes. Mais c’est aussi le principe symbolique proportionné de l’obélisque, du clocher de l‘église ou tout simplement du toit triangulaire.


2.La composante arithmétique. Une seconde considération s’y ajoute. Le chiffre joue un rôle important dans la symbolique de la pyramide. 

La pyramide a donc cinq pointes. De même que le triangle symbolise le premier chiffre impair (3), la pyramide est associée au chiffre impair cinq (5). Ce symbole arithmétique représente l’Homme de trois manières: il y a cinq membres dans le corps humain, lui-même composé de cinq sens: la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher; chacun des sens est représenté physiquement par l’œil, l’oreille, le nez, la langue et la main. Cette même main est composée de cinq doigts.


3.Premières données symboliques sous-jacentes. Qu’est-ce que ces données nous révèlent? Tout d’abord que le concept de la pyramide s’apparente à celui du mont, et donc sous-entend une connotation spirituelle. Elle est renforcée par l’arithmétique des nombres impairs 3 et 5. À l’opposé du chiffre pair qui détermine le domaine du concret, du visuel et du physique (le 4, la Terre), le chiffre impair introduit la notion du mystère, de l’inconnu, de toutes les entités spirituelles ressenties. Dans le domaine de la spiritualité, l’impair s’associe à la gauche pour soutenir la notion du sacré.

C’est pourquoi la figure pyramidale devient en architecture un support religieux, ou tout au moins la transposition d’un espace profane vers un état sacré. C’est une indication mettant en relation l’espace terrestre  (connu et accepté) et le monde cosmique (inconnu et imaginé).

Dans sa fonction architecturale religieuse, la pyramide a pu servir d’observatoire astronomique, de support pour un temple ou de tombe divine. On remarque que cette décomposition traduit trois états inhérents aux préoccupations humaines: la connaissance des cieux, le concept du temple-montagne et la question de la vie après la mort.


4.L’Image de la montagne parfaite. Ce n’est pas tout à fait un hasard si cette réflexion débute avec l’image d’une montagne devenue célèbre, celle du mont Cervin, en Suisse.

L’architecture utilise des variantes à la conception de la pyramide. La base carrée, peut être rectangulaire et même être légèrement arrondie, voire être circulaire.

La pyramide égyptienne est un reflet de ce qu’est une montagne parfaite. Il faut tout simplement se tourner vers les trois

grandes pyramides à faces lisses du plateau de Gizeh. Mais par ailleurs, la pyramide maya d’Uxmal au Mexique, offre deux structures latérales arrondies, illustrant une autre conception. Le plan de Borobodur part d’un socle carré, puis s’élève en cercles concentriques, tandis que le Mont Saint-Michel est conçu comme un ensemble circulaire pyramidal, dont la flèche du sanctuaire fait office de l’apex d’un cône inversé.


5.La conception universelle de la pyramide. En évoquant la pyramide, on pense le plus souvent, soit à l’Égypte et au Soudan, soit aux civilisations précolombiennes. Or, cette conception est universelle puisqu’elle est partout et avant tout symbolique. L’Inde, offre plusieurs exemples d’édifices ayant une forme pyramidale. Sur l’île de Java, on a déjà mentionné le temple de Borobodur (près de Yogyakarta), mais il existe également la pyramide de Gunung Padang (près de Bandung). ‘Gunung’ signifie “montagne” en Bahasa, tandis que le mot ‘Padang’ désigne un champ. On a longtemps cru qu’il s’agissait d’une montagne naturelle, avant de découvrir que c’était en fait une pyramide ensevelie. Il y a aussi des pyramides au Cambodge, au Pérou, et même sur certains sites archéologiques du continent européen.


6.Les deux types d’architecture pyramidale. La montagne évoque l’effort d’une ascension menant à une élévation spirituelle, permettant un rapprochement au divin. Dans certains mythes de création, la montagne est le premier élément de la terre émergeant des eaux primordiales. C’est ainsi que les anciens Égyptiens concevaient la genèse issue du chaos initial (le ‘Nun’). C’est vraisemblablement ce que la pyramide représente dans la conception du mythe égyptien.

Par ailleurs, il existe deux types de pyramides: l’une, à degrés, et une seconde à faces lisses, émanant d’une technique plus avancée et que l’archéologie classique pense être plus tardive. On restera ici dans le domaine d’une interprétation purement symbolique, sachant qu’en Égypte, ce schéma se trouve aujourd’hui contesté.

6.1.La pyramide à degrés. Ce serait la plus ancienne. On cite en général celle de Djéser, à Saqqarah (près de Memphis) qui date de -2260 ans avant notre ère. Cet édifice religieux possède six degrés et a une hauteur de 60m. Elle renferme une tombe et elle symbolise l’escalier permettant au pharaon d’accéder au ciel pour accomplir sa destinée solaire.

Les pyramides précolombiennes sont essentiellement à degrés. Mais il pourra s’avérer intéressant  de mentionner le nombre de degrés existant en évoquant certaines d’entre-elles, le moment venu. Il semble en effet qu’il existe un nombre constant de chiffres impairs dans la superposition des degrés.

La pyramide à degrés sert souvent d’assise à un temple-montagne, tout particulièrement pour les civilisations précolombiennes du Mexique et d’Amérique centrale.

6.2.La pyramide à faces lisses. En Égypte, cette transition se serait faite vers -2600 ans avant notre ère sous le règne du pharaon Snéfrou (IVe dynastie). Ce type de construction adopte la forme d’une pyramide idéale, selon les critères mathématiques. C’est vraisemblablement l’édifice architectural qui s’approche le plus de la conception de la montagne.

On ne reviendra pas sur la signification symbolique des composantes géométriques, ni sur celle impliquant le chiffre cinq. Par contre, on peut ajouter trois autres remarques concernant les différents niveaux, inhérents à ce type de construction. Il existe en effet :

-un niveau bas, correspondant à la surface du sol, et donc marquant une empreinte terrestre (chiffre 4)

-un niveau supérieur, correspondant à l’apex de la pyramide et donc orienté vers le ciel (chiffre 1)

-un espace intérieur, puisque ces pyramides servaient de tombe pharaonique (Ø).

La construction prend alors une fonction symbolique. Car les trois niveaux mentionnés, le bas, le haut et le dedans, correspondent aux croyances mystiques des anciens Égyptiens: la vie sur terre, le monde des dieux, la croyance au passage à une vie éternelle par le jeu d’un véritable parcours souterrain. 

Il faut toutefois ajouter que ce rite mortuaire de passage est malgré tout en phase avec d’autres conceptions levantines (le mythe d’Adonis, par exemple). On enterre le mort, comme on plante la graine en terre avant la germination et l’épanouissement au soleil. Un parallèle s’impose alors avec le mythe de la triade: Osiris-Isis-Horus.

7.Les fonctions de la pyramide. D’une manière générale, la pyramide possède donc quatre fonctions principales.

  • Mythe: si elle participe au symbolisme de la montagne, elle peut correspondre au mythe de la création: c’est le cas du mythe égyptien où la montagne est le premier lieu terrestre s’élevant au dessus des eaux primordiales. On verra ensuite qu’il existe une conception mythique parallèle, par exemple à Teotihuacan, au Mexique.
  • Religion: La pyramide sert souvent d’assise à un temple, ou bien elle devient une entité mystique. Elle a donc une propension religieuse.
  • Inhumation sacrée: bien que cela ne soit pas systématique, la pyramide sert également de sépulture monumentale. On a longtemps cru que ce n’était pas le cas chez les civilisations méso-américaines. Mais au XXe siècle, une première tombe a été découverte sous le temple des Inscriptions du site maya de Palenque, au Mexique (datant du VIIe siècle de notre ère).
  • Astronomie: il existe au moins une autre fonction liée à l’édification d’une pyramide. Sa construction sert bien souvent de support au savoir astronomique des peuples anciens. La raison probable est que toute connaissance du ciel est directement liée aux croyances divines. La fonction des prêtres égyptiens semble identique à celle des Mayas, par exemple.


Ces diverses réflexions fondamentales sur le concept de la pyramide permettent d’étayer l’analyse. Les exemples de quelques sites célèbres permettront d’illustrer le mécanisme conceptuel sous-jacent.


8.Les pyramides d’Égypte. En guise de lien avec ce qui a été dit auparavant voici comment les deux auteurs d’un ouvrage intitulé “La Clé d’Hiram” écrivent au sujet des pyramides: ”La construction des pyramides remplissait la même fonction pour les Égyptiens que les ziggourats à étages pour le peuple sumérien : elles étaient des montagnes artificielles qui aidaient le roi et ses prêtres à s’élever vers les dieux. Mais avant même l’apparition de la pyramide, la colonne remplissait cette même fonction de relation entre le monde des hommes et celui des dieux.” La notion de “colonne”, axe vertical reliant le bas au haut, mérite d’être élaborée un tant soit peu ici. Les mêmes auteurs ajoutent: ”Avant l’unification, chacun des deux pays avait sa colonne principale pour relier le roi et ses prêtres en un seul royaume, la Haute- et la Basse-Égypte conservèrent chacune leur colonne. Chaque colonne était un cordon ombilical spirituel entre le ciel et la terre. Les Égyptiens eurent besoin d’une nouvelle structure théologique pour exprimer la relation de leur nouvelle trinité: deux pays et un ciel.

Ces deux images symboliques rappellent le temple maçonnique: les deux colonnes à l’entrée ainsi que la pierre taillée, surmontée d’un pyramidion, à la droite des trois Grandes Lumières.

Bien évidemment, quand on évoque les pyramides égyptiennes, on pense à la nécropole du plateau de Gizeh, dominée par trois grandes pyramides. Elles ont perdu leurs aspects lisses originaux: Mykérinos (h.65.5m), Khephren (h.143.5m) et Khéops (h.137m aujourd’hui, mais 146.58m initialement). La base quadrangulaire de Khéops est de 230.5m; elle est de 215.16 pour Khephren. Ces deux dernières pyramides datent de l’Ancien Empire (IVe dynastie), c’est à dire d’il y a environ 4,500 ans sur un plan historique consensuel. Khephren était le fils de Khéops. La pyramide du pharaon Mykérinos (IVe dynastie) est la plus petite des trois avec une base de 105m. Sa construction est estimée entre -2532 et -2515 ans avant notre ère.

Il est bon d’ajouter ici une observation assez peu connue. Le plateau de Gizeh est en fait une éminence aplanie par l’homme. Cette remarque ajoute une classification hybride entre mont et édifice en forme de montagne. 

La pyramide de Djéser, à la nécropole de Saqqarah, est une construction à degrés (cinq visibles). Bien qu’elle appartienne aussi à l’Ancien Empire, elle est beaucoup plus ancienne, puisque Djéser est le premier pharaon de la IIIe dynastie (entre -2691 et -2625 av. J.-C.). Il s’agit dun premier exemple de pyramide venant remplacer le mastaba (tombes royales originelles). Le nom de l’architecte est connu: il s’agit d’Imhotep. Le début de la construction est de -2600 ans avant notre ère; l’édifice a une hauteur de 62 mètres et une base de 121 mètres sur 109 mètres.

Les connaissances astronomiques des Égyptiens étaient très poussées, ce qui explique la présence des données scientifiques liées aux pyramides. Leur civilisation était centrée sur un dieu solaire. Cette croyance correspond à l’assomption symbolique faite au sujet du triangle, pointe en haut (section 1). 


9.Les Pyramides précolombiennes d’Amérique centrale. Leurs constructions sont plus tardives qu’en Égypte. Ce fait n’a rien d’étonnant. Puisque les migrations humaines sont parties de l’Afrique de l’Est et ont franchi le détroit de Béring plus tardivement que le Proche Orient.

Au niveau du Mexique actuel, on retrouve cinq civilisations méso-américaines principales. Sur un plan chronologique, ce sont les suivantes:

-Les Olmèques, les plus anciens, contemporains des Phéniciens, avaient pour capitale La Venta (aujourd’hui Villahermosa), dont l’apogée se situe entre 2100 et 500 av. J.-C. Les archéologues considèrent qu’il s’agit de la civilisation-mère de la Mésoamérique.

-Les Mayas (2600 av. J.-C. à 1520 ap. J.-C.), dont l’Empire s’étendait en Amérique centrale, parmi les États suivants: le Yucatan (au Mexique), le Belize, le Guatemala et le Honduras. Leurs deux principaux centres étaient Chichen Itza (au Yucatan) et Copan (au Honduras).

-Les Toltèques, dont le nom en nahuatl signifie “maîtres bâtisseurs”, avait pour capitale Tula (900 à 1200 de notre ère).

-La civilisation de Teotihuacan (entre 200 av. J.-C., et le VIe ou VIIe siècles de notre ère), se situe au nord de Mexico. C’est le site archéologique le plus grandiose du Mexique, comparable à l’Égypte.

-Les Aztèques (du XIIe au XVIe siècle), étaient contemporains de l’arrivée du conquistador Hernán Cortés. Ils avait pour capitale Tenochtitlan (aujourd’hui Mexico).


Le terme de pyramide vient du grec [πυραμίς pyramís]. Si on connaît mieux celles d’Égypte, les pyramides méso-américaines sont pourtant plus nombreuses encore. Elles présentent souvent des particularités architecturales bien distinctes. Par contre, l’effet symbolique demeure le même, avec semble-t-il, un penchant astronomique plus marqué dans la conception. 

Pour mieux comprendre leurs fonctions symboliques, il est utile d’évoquer les particularités des sites les plus connus.

9.1..Chichen-Itza: El Castillo (“le château”). Il s’agit d’une pyramide maya à degrés extrêmement bien restaurée. Érigée entre

le VIIIe et XIIe siècle, sa base à la forme d’un quadrilatère de 55,3m, pour une hauteur de 24m, avant la terrasse du temple. En incluant le temple, sa hauteur totale est alors de 30m. Il s’agit d’un temple-montagne dédié à Kukulkan, le “Serpent-à-plumes” des Mayas. Ce monument possède des proportions hellénisantes. On y découvre un escalier droit, au centre de chacune des quatre faces, qui s’élèvent en neuf degrés (le temple supérieur, étant le 10e). On constate l’existence d’un lien astronomique. Chaque escalier comporte 91 marches. En multipliant ce nombre par 4, on obtient 364. Et quand on ajoute le temple supérieur, le nombre obtenu est 365, soit précisément une année solaire.

À l’intérieur de la pyramide, on a retrouvé une chambre avec des ossements humains dans laquelle il y a une sorte de trône, baptisé le “Jaguar rouge”. Taillé dans la pierre, ce siège a été coloré avec de la cinabre, symbole de la vie (le sang) et de la mort (sacrifice). Les yeux de l’animal sont en jade, tandis que les crocs sont faits de coquillages.

Cette pyramide semble donc avoir été érigée selon le critère astronomique du axis mundi

Plus étonnant encore, on a découvert récemment que “El Castillo” est bâti au dessus d’un cenote. Les cenote sont des trous d’eau extrêmement profonds, caractéristiques de la région péninsulaire du Yucatan. 

La notion d’axe est elle-même intéressante puisqu’il s’agit d’un lien entre le bas et le haut (ou vice-versa). Le site axial d’El Castillo comporte trois éléments: les profondeurs de la terre (le cenote), l’intérieur de la pyramide, et enfin le temple supérieur tourné vers la lumière et l’espace divin. L’axis mundi ajoute un caractère astronomique qui est celui de la Terre entre les pôles célestes. Cette idée est renforcée par la présence voisine d’une structure ronde en forme de coquille d’escargot, appelée “Caracol” (“escargot”, en espagnol). Les archéologues l’identifient comme étant le lieu d’un observatoire astronomique pour les prêtres mayas.

Or, comme la pyramide d’El Castillo était dédiée au Serpent à plumes (Kukulkan, chez les Mayas, et Quetzalcoatl, chez les Aztèques), il semble opportun d’évoquer à présent ce symbole précolombien. En langue nahuatl, le “quetzal” est un oiseau mythique, et le terme “coatl” désigne le serpent. Cet aspect symbolique met donc en relation l’aspect chthonien (le serpent) avec le divin dont l’oiseau en est le messager entre les hommes et les dieux.

Le “National Geographic Society” a récemment exploré certains “cenote” qui forment une ramification de galleries souterraines aquatiques. Ce phénomène géologique illustre la croyance mythique des Mayas, où la caverne est liée au concept de la création du monde.

9.2.Uxmal: El Adivino (“le Magicien”). Cette autre pyramide maya du Yucatan, a une forme elliptique,

unique en son genre. Sa largeur est de 81m et sa hauteur est de 40m. Elle se compose de trois degrés, et ici aussi la terrasse supérieure est un temple. Construite au VIe siècle de notre ère, sa construction s’est étalée dans le temps. Cette pyramide est orientée. Il existe deux escaliers très raides (60º), l’un tourné vers lest, l’autre vers l’ouest. De toute évidence, il s’agit d’une orientation solaire, que l’on retrouve par exemple dans les édifices religieux asiatiques. Les effigies du dieu Chaac (divinité de la pluie) décorent les escaliers, sur la face ouest. Selon une légende, un dieu ayant une seule main aurait construit par sa volonté cet édifice en une seule nuit.

9.3.Tikal. Ce site archéologique est d’une grande beauté. Il se trouve au beau milieu de la forêt tropicale du Petén, au nord du Guatemala. La ville de Flores est à proximité. Tikal était l’une des cités-États de la civilisation maya, comme dans la Grèce antique ou la Phénicie.

Le Temple du Grand Jaguar est une pyramide funéraire maya à neuf degrés, surmontée d’un temple couronné d’une crête faîtière. datant du VIIe. La hauteur de la pyramide est de 47m. En 1962, on a découvert sous l’édifice, à six mètres de profondeur, le tombeau d’un personnage important enseveli en l’an 734. Les analyses ont révélé qu’il s’agissait du souverain Jasaw Chan K’awiil I (682–734 ap. J.-C.). Le nom de cette pyramide provient du temple dédié au dieu jaguar. Pour les archéologues, il s’agit tout simplement du Temple I, puisque le site en comporte plusieurs. Une seule portée d’escaliers conduit au sanctuaire supérieur. Comme à Uxmal, l’angle de la pente estraide et les marches sont très hautes. Cet édifice est tellement imposant que de la terrasse supérieure, on est bien au dessus de la canopée, ce qui permet de contempler l’étendue de la forêt tropicale du Petén.

9.4. El Tajin: la pyramide des Niches. Ce site se situe au centre-est du pays, prés du Golfe du Mexique, pas très loin du port de Veracruz. La région orientale, entre les États de Puebla et de Veracruz, est celle des Totonaques, autre peuple amérindien. El Tajin était leur capitale du Ier au XIIIe siècles de notre ère. Le site a été abandonné au début du XIIIe. Bizarrement, il a été

épargné par l’arrivée des Espagnols, qui semblent avoir ignoré son existence. En fait, le site a été oublié littéralement jusqu’au XVIIIe siècle! Il a été découvert par hasard en 1785. Ce qui explique le bon état dans lequel il a été préservé jusqu’alors. 

La pyramide des Niches est également unique. Le terme Tajin signifierait “éclair” et elle serait donc dédiée au dieu du Temps. Évidemment, cela rappelle le dieu grec Zeus. Il s’agit d’une pyramide à degrés de sept étages mesurant 26m de chaque côté. Elle a une hauteur de 20m. Les alignements de niches, sur chacune de ses faces, en font son originalité. Il y en a 365 au total. Ceci corrobore la fonction astronomique de l’édifice dédié au temps. Les civilisations méso-américaines avaient un calendrier très précis.

Mais il faut revenir sur l’utilisation de ces niches. Chaque cavité a une profondeur de 60cm et rappelle les grottes ancestrales faisant partie des croyances locales. Parmi les descendants des Totonaques, El Tajin était surnommée la “Ville des Morts”. Jusqu’à une période récente, des rites continuaient à y être pratiqués, si l’on en croit les bouts de chandelles qui ponctuaient certaines de ces cavités. La pyramide d’El Tajin serait donc un monument dédié à la mémoire des morts, en relation avec le temps solaire. Pour expliquer ce phénomène, l’interprétation correspondrait au rituel d’un voyage dans l’au-delà. 

Dans tous les cas, on retrouve ici l’association de la mort et du temps, comme dans les autres pyramides de cette région du monde.

9.5.Teotihuacan. Ce site, qui se trouve au nord de la capitale Mexico, est l’un des plus grandioses à la fois par sa planification et ses dimensions. À son époque, Teotihuacan était la plus grande cité précolombienne avec une population atteignant 125,000 habitants (peut-être même 200,000). L’apogée des “Teotihuacanos” se situe entre le Ier siècle av. J.-C. Et le VIIe siècle apr. J.-C.

Situé à une quarantaine de kilomètres au nord de Mexico et à 2,200m d’altitude, Teotihuacan a été fondée environ un millénaire avant la civilisation aztèque (env. 600 av.J.-C.). Certains historiens pensent que les Toltèques en ont été les fondateurs; d’autres penchent plutôt pour les Totonaques. Enfin, certains émettent l’hypothèse que ce site aurait été multiculturel, partagé entre différents peuples méso-américains. Ce qui semblerait correspondre à l’origine linguistique de Teotihuacan, à son mythe, lié au culte de Quetzacoatl (“le Serpent à Plumes”) et aussi à sa position géographique, au milieu d’une plaine. On note aussi que son emplacement se situe au centre géographique de l’actuel Mexique.

Quoi qu’il en soit, le nom du site a été donné par les Aztèques qui s’en sont emparés après sa chute (550 apr. J.-C.). En langue nahuatl, Teotihuacan serait “le lieu de naissance des dieux”. On entre alors dans le domaine mythique. Les Aztèques sont ceux qui ont donné les noms des pyramides du Soleil et de la Lune. Car selon leur propre mythologie, les deux astres seraient originaires de ce lieu.

Le site de Teotihuacan est dominé par le Cerro Gordo, un ancien volcan. Cette montagne a joué un rôle déterminant dans le mythe fondateur de cet espace. La symbolique du feu vient donc s’ajouter à celle de la terre (la grotte) et vraisemblablement à l’élément eau, par le biais du dieu de la pluie, qui semble aussi avoir été vénéré ici.

Bien évidemment, cet ensemble précolombien s’insère dans ce texte en fonction de ses deux pyramides, comparables à celles du plateau de Gizeh. La plus importante par sa taille est la Pyramide du Soleil, suivie de la Pyramide de la Lune.

9.5.1.La Pyramide de la Lune. Sa construction serait antérieure à celle du Soleil (entre 100-450 apr. J.-C., selon les édifices

superposés). La Pyramide de la Lune est aussi légèrement plus petite malgré sa masse: haute de 43m pour une largeur de 147m (sur l’axe E-O) et de 130m (sur l’axe N-S). Elle comprend une superposition de set couches de constructions antérieures. L’escalier monumental comporte 248 marches. Elle se situe à l’extrémité d’un axe transversal, appelé l’Avenue des Morts. L’intérieur de l’édifice a servi de sépultures aux sacrifices animaux et humains effectués sur la plateforme supérieure, en l’honneur de la Grande Déesse de Teotihuacan. Le symbolisme lunaire qui s’y rattache est probablement associé à l’eau, à la saison des pluies, à la féminité, à la fertilité et même à la terre.

La pyramide de la Lune servait également à d’autres rituels astronomiques, dont celui d’un calendrier annuel de 260 jours. Récemment, un tunnel a été découvert sous la structure, décrivant selon certains archéologues une image d’un enfer mythique.

9.5.2.La Pyramide du Soleil. La construction de cet édifice est estimée entre 100 et 200 apr. J.-C. C’est l’une des trois plus

grandes pyramides qui existent dans le monde. À l’origine, elle a été construite sur une caverne d’origine volcanique. La structure comporte cinq degrés en talus. Elle a une largeur de 224m à la base et une hauteur de 65m, comportant un escalier monumental de 265 marches. La plateforme supérieure avait un autel, aujourd’hui disparu, sans que l’on sache exactement à quel dieu les sacrifices étaient destinés (certains archéologues on émis l’hypothèse que ce serait le dieu de la pluie, divinité fréquente parmi les civilisations méso-américaines). 

En 1971, des fouilles sous la pyramide ont révélé l’existence d’un tunnel souterrain possédant plusieurs chambres. Selon les croyances mythiques de l’époque, Teotihuacan était le lieu de la création du monde. Or, dans l’imagerie mythique des civilisations précolombiennes, la grotte et le monde souterrain étaient les “lieux d’émergence” de la création. Selon le Metropolitan Museum de New York (le Met), l’espace souterrain de la pyramide pourrait donc faire fonction de matrice originelle. Par ailleurs, on sait que la construction de Teotihuacan suit des règles astronomiques sur lesquelles la construction a été ordonnée. La superposition des pyramides indique un cycle de 52 ans, correspondant au calendrier de 260 jours.

9.5.3.L’Avenue des Morts. Le site archéologique de Teotihuacan est traversé par un axe Nord-Sud, large de 40m et long de 5km. Ce sont les Aztéques qui l’ont également appelé l’avenue des Morts, pour la simple raison que les constructions latérales ressemblent à des tombes.

Étant donné qu’il est de plus en plus évident que Teotihuacan était un lieu où se pratiquait des sacrifices, cette appellation garde aujourd’hui tout son sens!


On peut donc résumer les diverses fonctions des pyramides de Teotihuacan. Tout d’abord, le mythe et les rites religieux se regroupent par la présence d’éléments tels que la terre, le feu et l’eau. L’archéologie atteste ensuite la célébration d’un rite mortuaire. Mais ces pyramides sont aussi un réceptacle des connaissances astronomiques, doublé d’une indéniable maitrise des techniques de construction.


10.Les autres exemples de pyramides dans le Monde. On retrouve des pyramides sur toute la surface de la planète à différentes périodes de l’Histoire. La pyramide est donc bien le signe d’un symbole universel. En fait, il y a davantage de pyramides en Méso-Amérique qu’en Égypte et au Soudan. Mais on en retrouve ailleurs aussi dans le monde. En voici quelques exemples.

  • En Amérique du Sud, ce sont surtout les civilisations pré-incaïques qui en ont fait usage. Au Nord-Ouest du Pérou, il y a vingt-six pyramides dans la vallée de Tucume, et six dans la ville-sacrée de Caral-Supe.
  • En Inde du Sud, il existe des temples-pyramides, comme celui de Brihadishvara, dédié à Shiva.
  • À Bangkok, en Thaïlande, le Loha Prasat est une structure bouddhiste pyramidale.
  • En Chine, il existe un nombre important de mausolées royaux épousant la forme d’une pyramide. Mais l’État chinois semble vouloir ignorer leur existence. Certains sont laissés à l’abandon.
  • En Indonésie, le site de Gunung Padang, situé dans la région de Bandung, à Java, recèle une pyramide que l’on pensait être une ancienne colline. Ce site mégalithique a provoqué une certaine polémique dans les milieux scientifiques. Il s’agirait de la plus vieille pyramide découverte à ce jour (vieille de 10,000 ans).
  • Les Ziggourats de Mésopotamie sont également des édifices rattachés aux pyramides, avec toutefois une différence majeure: aucune ne recèle de sépulture. D’autre part, la ziggourat peut avoir soit une base carrée, soit arrondie. Ce second type de construction nous emmène à considérer un autre type de pyramide.


11.Pyramides en cône-inversé. Si la plupart des pyramides ont une assise carrée ou rectangulaire, il existe parallèlement un certain nombres d’édifices de forme pyramidale ayant plutôt l’apparence d’un cône inversé. En voici trois exemples.

11.1. Les ziggourats. En Mésopotamie, la ziggourat pouvait avoir une assise rectangulaire ou circulaire. Dans ce second cas, elle s’apparente donc à un cône inversé. C’est d’ailleurs ce que la représentation populaire de la Tour de Babel utilise.

11.2. Borobodur (temple-montagne). Ce célèbre sanctuaire bouddhiste de Java, en Indonésie, est également plus proche d’un cône inversé, même si son socle est à la base de forme carrée, à l’image du Mandala. En s’élevant, la structure est arrondie et le stupa final supérieur correspond à la pointe d’un cône. Il s’agit là d’une simple remarque, mais qui contient une analyse supplémentaire. Car si la pyramide projette une aspiration de la terre vers le ciel, il n’est pas impossible que le cône inversé soit l’inverse. Le symbolisme du carré, opposé à celui du cercle en font état.

11.3. Le Mont Saint-Michel (montagne-temple). Cette île rocheuse arrondie a d’abord été investie par un moine-ermite

irlandais avant de devenir un monastère au VIIe siècle. Le site englobe tous les éléments cités précédemment. La création est ancrée sur une vision mythique, celle de l’évêque d’Avranches ayant eu la visite de l’archange Michel dans un rêve, en l’An 708. Le village médiéval, le monastère et l’église, surmontée par une flèche supportant la statue de l’archange, s’échelonnent en un cône-inversé. La forme n’est pas la seule à souscrire aux fonctions de l’édifice pyramidale. La flèche servant de piédestal à la statue est haute de 40m, tandis que la hauteur de l’île est d’environ 80m jusqu’au monastère. La tour de l’église supportant la structure finale est carrée. La flèche a elle-même une apparence de cône inversé. Or, on a donc ici un édifice religieux, ayant également des cryptes souterraines sous l’église. Ajoutons à tout cela, l’environnement d’un bras de mer réputé pour ses marées, qui laissent non seulement le sable à découvert à marée basse, mais qui présentent un danger naturel potentiel: la rapidité de la montée des eaux et l’existence de sables mouvants. La panoplie des éléments naturels est donc: le sable, l’eau, le rocher; et sur un plan plus spirituel: l’isolation, la quiétude ambiante, la propension à l’élévation cosmique. On retrouve aussi la présence des trois éléments primordiaux: la terre, l’eau, l’air. Mais pour aller plus loin, dans une perspective religieuse, embrassant toutes les religions monothéistes, l’élément feu est également sous-jacent. D’abord, toute figure triangulaire ayant la pointe tournée vers le haut, est un symbole du feu. Ensuite, parmi les sept archanges, Michel est celui qui terrasse le dragon. Or, cet animal mythique, réputé cracher le feu, est aussi l’emblème du démon, donc de l’Enfer. Au Mont Saint-Michel, ce combat se fait tout en haut du clocher, en toute lumière.


Quels sont donc les enseignements que l’on retire des constructions pyramidales? Existe-t-il une communauté d’interprétation ethnologique liée à la pyramide?

La pyramide est une conception humaine servant à recréer la spiritualité inhérente à la montagne. Par voie de conséquence, elle devient un espace mythique contenant les croyances initiales d’une culture. Dans le mythe créateur de l’Égypte antique, par exemple, après le chaos initial du Nun, la première apparition de la Terre émergeant des flots s’est faite au sommet d’une montagne. Il est probable que ce mythe créateur soit à la base du concept des pyramides égyptiennes. Comme la pyramide renferme souvent un espace intérieur, elle devient alors l’habitacle des puissances souterraines. Ce qui explique qu’elle est souvent utilisée comme un tombeau honorant un souverain. En Égypte, ce rite mortuaire a suscité la croyance dans une autre vie, dans l’au-delà. Étant l’œuvre d’un architecte, la pyramide présente donc un éventail de données géométriques où les mesures illustrent les connaissances mathématiques et souvent astronomiques d’une civilisation.

Mais il faut garder à l’esprit qu’il s’agit aussi d’un symbole universel, auquel se rattachent  également le pyramidion ou l’obélisque. L’assise terrestre de la pyramide permet l’élévation vers l’apex, ce point céleste faisant la jonction entre l’homme et les dieux, entre la terre et la voûte céleste. Cette approche ésotérique justifie l’usage des chiffres impairs (3, 5, 7 ou même 9) caractérisant les pyramides à degrés.

Dans une conception spirituelle, elle concrétise le passage d’une vie terrestre vers un au-delà cosmique. Pour les alchimistes, elle représente selon la formule dédiée: “tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas”.” (Hermès Trismégiste). L’alchimie est souvent considérée comme l’art sacré des Égyptiens. Or, les alchimistes expliquent l’importance de la pyramide de la manière suivante. “Pourquoi la pyramide? Parce qu’elle a des pouvoirs particuliers. Placé au tiers de sa hauteur, un objet quelconque ou un corps, y subit des modifications. C’est pourquoi les Égyptiens l’avaient adoptée pour maintenir de façon indéfinie la momification de leurs rois ou reine décédés”. 


La pyramide existe toujours dans le monde moderne. L’une des plus célèbres est celle de l’architecte sino-américain Leoh Ming Pei à Paris. La Pyramide du Louvre est un puit de lumière destiné à éclairer les entrailles d’un musée dédié à la connaissance d’un legs ancestral, source d’inspiration pour l’homme moderne. La plupart du temps, cette pyramide de verre est vue de l’extérieur. Mais, à l’image d’un iceberg, il ne s’agit que de la partie visible. L’escalier en spirale menant au sous-sol révèle un aspect plus ésotérique de la construction. En effet, on y voit deux nouveaux éléments complétant la conception de l’édifice. Tout d’abord, il y a une pyramide inversée, pointe en bas, et en dessous une autre pyramide plus petite, dont l’apex est dans l’alignement de la précédente. Il y a donc trois pyramides successives, de tailles différentes, formant une chaîne d’union entre le passé, le présent et le futur. La pyramide inversée agit comme le réceptacle terrestre d’une lumière émanant d’une autre conception de la voûte céleste. Les bases de l’avenir des hommes reposent sur le legs d’un héritage perpétué.

Cette pyramide de verre transmet donc le concept du lien continu entre le passé, le présent et le futur. Quel bel hommage d’architecture valorisant les trésors ancestraux d’un prestigieux musée!

Christian Sorand


BIBLIOGRAPHIE:

KNIGHT,C. & LOMAS,R. - La Clé d’Hiram, Éditions Dervy, Paris, 1997, ISBN: 2-85076-922-3

MARTY, G. - Carnets d’Alchimie, Ambre Éditions, Genève 2008, ISBN: 978-284639-108-5


LIENS:

La structure du triangle

Scientific American: Gunung Padang

Gunung Padang, Java

A Scientist claims the world's oldest pyramid is hidden in an Indonesian mountain

10 ancient pyramids around the world

Pyramide de Djéser

Pyramids in Latin America

Les Olmèques: la civilisation-mère de Mésoamérique

Live Science: Chichen Itza

National Geographic: 11,000-year-old mine in an underwater cave

Ancient History: El Tajin

El Tajin

National Geographic: Teotihuacan

The Met: Teotihuacan

Découverte du tunnel secret sous la Pyramide de la Lune

National Geographic: New tunnel discovered under an ancient pyramid


Friday, July 24, 2020

IV-bis - Le Seuil du Temple thaïlandais (Complément au texte sur la Symbolique du temple thaï)

    La lecture d’un ouvrage intitulé “Ethnologie de la porte”[1] de Pascal Dibie, suggère qu’il serait utile d’ajouter une réflexion supplémentaire sur la symbolique religieuse de Thaïlande.

Pascal Dibie est professeur d’ethnologie à la Sorbonne. Dans l’ouvrage, cité en référence, il évoque bien entendu le seuil, passage transitoire obligé de la porte. Le seuil se situe au croisement du dehors et du dedans. 

L’habitude aidant, on n’a pas forcément conscience des raisons motivant l’existence symbolique  de ces passages familiers, inhérents à la conception architecturale des édifices publics ou religieux..

Or précisément, l’existence du seuil suscite une réflexion basée à la fois sur une motivation symbolique et une conception généralisée s’appliquant aux édifices de tout genre. En effet, les trois utilisations habituelles sont: la maison, l’édifice public et le lieu de culte. 

On se cantonnera ici à l’évocation de la structure religieuse; plus précisément à celle du temple thaïlandais, communément appelé “un wat”. 

Le seuil est donc ce passage surélevé menant de l’extérieur (le monde profane), à l’intérieur (le monde sacré). Ce passage d’un monde à l’autre se fait bien entendu aussi  en sens inverse. Que ce soit dans une cathédrale, un temple grec, ou tout autre édifice religieux, le seuil comporte deux éléments distinctifs: une marche ou des escaliers et une plateforme donnant accès à la porte. 

À noter ici, que dans le temple thaï, ce seuil est bien souvent protégé par un auvent du toit. Ceci dénote alors une triple transition de la lumière extérieure à la pénombre du seuil, en préparation à l’obscurité intérieure du sanctuaire. À cela, vient s’ajouter un rite oriental culturo-religieux: le seuil sert de barrière invisible et momentanée entre un “dehors” et un “dedans”. On arrive chaussé, mais on se déchausse sur le seuil, avant d’entrer nus-pieds dans le sanctuaire.

Le wat s’aligne donc selon deux axes complémentaires. Il y a d’abord un axe vertical reliant le haut au bas (du toit au sol) et un axe horizontal reliant le monde profane au monde spirituel, allant du parvis à l’effigie intérieure du Bouddha.

Le seuil représente un lieu de passage incontournable pour se préparer spirituellement à entrer en contact avec le monde du divin, dans le plus grand respect. 


On comprend mieux alors pourquoi une tenue vestimentaire “respectable” est exigée; chose que beaucoup d’étrangers ont du mal

souvent à comprendre. Une fois à l’intérieur du sanctuaire, le fidèle se tient à genoux à même le sol, puis se prosterne à trois reprises successives, devant la statue de Bouddha.

Mais revenons au seuil proprement dit. Étant surélevé, il comporte nécessairement quelques marches. Il y a d’abord celles qui mènent au seuil, puis celle (communément une seule), qui permet de franchir la porte du sanctuaire. On est bien dans une zone de passage intermédiaire. Les marches extérieures préfigurent une élévation spirituelle, qui se prolonge brièvement sur le seuil avant toute entrée solennelle.

En outre, l’escalier d’accès au seuil, comporte toujours deux rampes zoomorphes de chaque côté. Dans une majorité de cas, deux Nagas protègent le sanctuaire, tout en accueillant à leur manière, le visiteur, puisque le Naga est perçu comme un serpent-dragon bienfaisant. Cet animal mythique, par son mouvement ondulatoire, relie le Haut (le Ciel) au Bas (la Terre).

Il existe malgré tout d’autres animaux mythologiques décorant les rampes de l’escalier menant au seuil. C’est en particulier le cas, du nord de la Thaïlande, l’ancien royaume Lanna, ayant Chiang Mai (“la ville nouvelle”) comme capitale.

Dans cette région donc, les rampes ont d’étonnants animaux, visiblement issus de la mythologie hindoue. Ce sont des créatures fantastiques qui peuplent le domaine des dieux, au pied du Mont Meru, montagne sacrée de l’Himalaya.

Le seuil est donc un élément clé dans la symbolique du temple thaïlandais. il représente un lieu de passage obligé à l’entrée extérieure du sanctuaire. Son utilisation joue un rôle actif dans la vie du temple, mais il n’en demeure pas moins que sa conception rejoint celle de l’église ou de la cathédrale.

Christian Sorand


 [1] Pascal Dibie, Ethnologie de la porte des passages et des seuils, Éditions Métailié, Paris, 2012, ISBN: 978-2-86424-841-5



LIEN:

https://chrismate.blogspot.com/2020/06/iv-le-symbolisme-dans-larchitecture.html

Saturday, July 18, 2020

ITINÉRAIRE: De Bangkok à Rayong, sur la côte nord-est du Golfe de Thaïlande - 6 jours.

Dimanche 28 juin (2 nuits)- De Bangkok à Rayong.

Départ matinal vers 06h00 du matin en direction de Pattaya. La traversée de Bangkok à cette heure-là, surtout un dimanche, se fait rapidement. 

Jusqu’à l’embranchement en direction de Rayong, un peu avant Pattaya, l’itinéraire n’a rien d’excitant, surtout quand on l’a déjà fait des dizaines de fois.

La route de Rayong a été refaite, sauf à certains endroits, où les travaux continuent, ce qui provoque quelques goulots d’étranglements. La

campagne est belle, faite de collines et de vallées cultivées. À l’approche de RAYONG, chef-lieu régional dorénavant bien développé, on approche du Golfe de Thaïlande. Dorénavant la route longe le golfe et les premières plages.

On atteint le Novotel-Rayong Rim Pae Resort vers 10h du matin, après avoir fait un arrêt petit-déjeuner sur la route de Rayong.

L’endroit est beau au milieu de forêts avoisinantes. Il y a un grand jardin tropical, très bien entretenu, deux piscines, et surtout une large ouverture sur le Golfe. La plage est superbe, mais en cette saison, il y a quelques vagues en fonction du vent soufflant du Sud. Habituellement, le Golfe de Thaïlande est un vrai lac, mais dans l’état actuel de choses, les vagues sont fortes et empêchent la baignade.

La chambre située au deuxième étage est vaste, bien équipée, et s’ouvre sur un balcon offrant une vue sur la mer.

La pluie arrive en milieu de journée. Je prends la voiture en direction de Hat Suan Son, à l’ouest. Comme c’est un dimanche, il y a beaucoup de circulation sur la route. Hat Suan Son est la ville côtière d’où l’on prend le bateau pour se rendre à Koh Samet. Repas très quelconque près du port, puis retour à l’hôtel sous une pluie battante.

Le reste de l’après-midi se passera tranquillement à l’hôtel. Une éclaircie, permettra de se baigner dans le Golf, puis dans la grande piscine.

Dîner dans un restaurant, derrière l’entrée de l’hôtel, en traversant la route côtière. Prix raisonnables et excellente nourriture thaïe, avec quelques spécialités européennes au menu.

Lundi 29/06- Journée entière passée en villégiature. Le petit-déjeuner est extrêmement

décevant: de l’eau colorée en guise de jus de fruits et un Nescafé insipide. Trois variétés de fruits frais seulement, des œufs sur le plat faits d’avance, pas de bacon, et un choix limité sur la table, où même le pain reste insipide. Regrettable pour un hôtel de cette catégorie.

Une journée de pluie qui a bien réduit toutes les activités, avec tout de même une amélioration en fin d’après-midi.

En fin de matinée, escapade en voiture le long de la côte orientale jusqu’à Mae Pim Beach et déjeuner en bord de plage. 

Retour en fin d’après-midi, alors que le temps se lève. Arrêt dans un bar irlandais nouvellement ouvert au dessus de la plage. Ce soir-là le coucher du soleil a été particulièrement spectaculaire. À la nuit tombée, dîner dans un restaurant italien juste à côté.

Retour à l’hôtel dans la nuit.



Mardi 30/06- De Rayong à Pattaya.

Matinée passée à l’hôtel, mais le temps ne s’arrange pas. En principe, je dois retourner sur Bangkok.

Je quitte l’hôtel vers 11h. Aux alentours de Rayong, la route est en partie inondée. Mais en continuant vers l’ouest, on voit que le temps s’éclaircit et devient ensoleillé. Je décide alors de faire un crochet par JOMTIEN Beach et d’y passer la nuit, plutôt que de revenir à la capitale!.

L’arrivée à Jomtien se fait en début d’après-midi sous un soleil resplendissant.

Entre Jomtien et Pattaya, il y a un promontoire rocheux où je n’avais encore jamais été. Il y a là un endroit magique appelé The Sky Gallery. C’est un café-restaurant à ciel ouvert, très classe, avec un panorama absolument fabuleux. Il domine une crique fermée, bordée d’une plage de sable doré, et offre une vue sur les îles au large de Pattaya, en particulier Koh Lan (où j’ai déjà séjourné).

Je dois dire que cet endroit est tellement reposant que j’y ai passé une partie de l’après-midi, le temps de trouver un lieu où passer la nuit côté Jomtien.

La chance était avec moi, ce jour-là, j’ai découvert un autre lieu magique, un tout nouvel hôtel, situé en bordure de mer, appelé U Jomtien

Pattaya.

Ma chambre située au 5e étage avec une vue imprenable sur la baie, tant et si bien qu’on se serait cru à bord d’un bateau de croisière. 

Par ailleurs, cet établissement à une terrasse panoramique, ayant un bar et surtout une piscine infinie offrant une vue extraordinaire sur toute la baie de Jomtien.

Bref, une nouvelle fois, je changerai de plan et y resterai finalement trois nuits!

Mercredi 01 juillet- Séjour au U-Jomtien Pattaya (3 nuits)

Jeudi 02/07-En plus cet hôtel met à la disposition de ses clients des bicyclettes, ce qui me permettra de faire un peu d’exercice  et d’aller jusqu’au centre de Jomtien Beach (environ 5km).

J’en ai profité pour rencontrer Richard Lytle, ancien collègue de Tunis, qui a un appartement à Jomtien et qui, justement, y était.

Vendredi 03/07- De Jomtien à Bangkok.

Dernier jour ensoleillé de cette escapade et retour sur Bangkok en debout d’après-midi après avoir déjeuné sur la plage à Jomtien.


Distance parcourue: 550km.