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Wednesday, June 16, 2021

Images et symboles: une scène grandeur nature du musée Arlaten

Une scène grandeur nature du musée Arlaten d’Arles a inspiré la réflexion suivante. Il s’agit d’un épisode de la tradition provençale dépeignant “une visite au nouveau-né”.

La mère et son nouveau-né sont dans le lit de l’accouchement. Quatre dames en costume d’Arlésienne viennent en visite, chacune apportant un objet symbolique, porteur d’un souhait spécifique destiné à l’enfant.

Musée Arlaten: Une visite au nouveau-né


Le musée Arlaten est un musée ethnographique et c’est pourquoi il est bon d’aller un peu plus loin dans l’analyse du sens caché de chacune de ces offrandes.

1.De l’emblème folklorique au symbolisme universel. Dans le tableau cité les offrandes sont au nombre de quatre (le pain, le sel, l’allumette et l’œuf), or dans la tradition on en évoque cinq (le miel est en plus).

L’image reste emblématique si l’on s’arrête au souhait véhiculé par chaque objet. En d’autres termes, l’objet concrétise un souhait appartenant au domaine de l’abstrait. Ainsi, on a:

  • Le pain pour la bonté [”sois bon comme du pain”];
  • Le sel pour la santé [“sois sain comme le sel”];
  • L’allumette pour la rectitude [“sois droit comme une allumette”] ;
  • L’œuf pour la plénitude [“sois plein comme un œuf”];
  • Le miel pour la douceur [“sois doux comme le miel”].

Mais chacune de ces offrandes renferme un éventail de concepts ancestraux, venus du fond des âges, mais toujours ancrés dans l’inconscient collectif.

Ainsi le pain n’est pas seulement un garant de nourriture et donc de bien-être, mais étant un produit issu de céréales, donc de la Terre, il justifie une bonté reconnaissante à la Terre-Mère. L’image de la dernière scène du Christ et du pain rappelle ce lien terrestre de la Terre nourricière. Le sel a longtemps été une denrée précieuse pour les mets terrestres. Que l’on songe à ces “routes du sel” ou à ces “greniers à sel” d’autrefois! L’importance du sel estt probablement à l’origine d’une expression telle qu’une “note” ou une “addition salée”. Le sel est de couleur blanche (associé à la pureté), il permettait à une époque où la nourriture était fade d’ajouter une saveur plus gustative. Le sel permettait aussi de conserver certaines nourritures périssables. Voilà donc où se cachent les éléments de bonne santé qu’il évoque. N’oublions pas aussi que le sel est un produit de la terre et de l’eau. L’allumette nous éloigne des mets terrestres (notons au passage que ces derniers sont au nombre de quatre, évocation du monde terrestre). Certes, cette allumette est un petit morceau de bois très fin que sa droiture caractérise, mais l’allumette sert à faire du feu. Elle appartient par sa petite taille à l’échelle d’un nouveau-né. La droiture de sa position en fait un axis mundi alchimiste, lien ésotérique entre le bas et le haut. Et en grattant une allumette avec sa pointe, on obtient le feu. Ce n’est pas seulement un feu permettant la cuisson, c’est aussi un feu spirituel, celui de la lumière de l’esprit et de l’âme. Le miel, qui est un autre produit terrestre naturel est fabriqué par l’abeille à partir de fleurs. Sa douceur sucrée s’oppose au goût du salé. Quant à l’œuf, s’il a été gardé en dernière position, c’est parce que son décodage est encore beaucoup plus complexe et nécessite une explication distincte.

Avant d’aborder ce sujet, il faut aussi évoquer la relation existante avec le nombre. S’il y a bien quatre mets, on remarque que les offrandes sont au nombre de cinq (en y ajoutant l’allumette). Le chiffre pair 4 se retrouve dans la géométrie du carré, symbole de la Terre. Mais le chiffre 5 (l’allumette de la scène) et un impair, source de mystère et de spiritualité.

2.L’œuf. Le commentaire du musée Arlaten explique qu’il s’agit d’un souhait de procréation pour le nouveau-né. L’œuf est universellement perçu comme un symbole de procréation et de fertilité. 


Or, un autre musée ethnographique, situé sur la rive sud de la Méditerranée évoque une scène parallèle. Il s’agit du musée du patrimoine, à Guellala, sur l’île de Djerba. Dans une scène, également grandeur nature, on retrouve la présence symbolique de l’œuf à l’occasion d’un mariage traditionnel. Ce parallèle est intéressant car il concerne deux passages rituels importants: l’un est une naissance, l’autre est un mariage. Voici comment on explique ce rite au musée de Djerba. 


Le rite du partage de l’œuf

“La nuit des noces, on entame la première rencontre entre les deux mariés, par la cérémonie du partage de l’œuf.

L’esthéticienne traditionnelle: la zianna “poseuse de Héné” procède par couper un œuf cuit en deux. Elle donne à chacun des mariés une part, puis elle demande aux conjoints de s’échanger leur part avant de les manger.

La cérémonie du partage de l’œuf, en tant que geste symbolique, est très riche  en significations. En effet, l’œuf dans l’imagerie traditionnelle est symbole de vie, de fertilité, de fécondité et de continuité.

Se partager l’œuf à part égale, c’est une manière d’exprimer son attachement à l’idée de se partager les charges de la vie à part égale et sa volonté d’assumer les responsabilités familiales en couple uni et solidaire.”

Le Conservateur du Musée.


Musée du patrimoine de Djerba: Le rite du partage de l'œuf


L’élément procréateur perdure sans aucun doute. Mais l’élément alchimique sous-jacent a besoin d’être élaboré plus amplement.

Musée Arlaten: l'offrande de l'œuf.

L’œuf offre l’apparence d’un tout. Il recèle pourtant une bivalence: il y a le contenant et le contenu; le contenu est lui-même double: il y a le blanc et le jaune. L’ésotérisme évoque l’œuf primordial qui a engendré le monde. Cet œuf coupé en deux est composé d’une voûte (le ciel) et d’une coupe (la terre). 

En transposant ces éléments dans le monde profane l’œuf ne véhicule pas seulement une image de fertilité procréatrice. Que ce soit la naissance (au musée Arlaten) ou le mariage (au musée de Guellala), cet œuf symbolise la Vie et va même au-delà en évoquant un principe cosmique.

Rappelons que dans le rite provençal, l’allumette, dont on a évoqué aussi les deux éléments (le corps et la tête) vient renforcer  cette vision cosmique sous-jacente par sa droiture évoquant un lien entre le bas et le haut, comme s’il s’agissait d’une colonne en miniature, adaptée à la petitesse d’un nouveau-né. Or l’allumette sert à faire du feu et ce feu est lui-même ambivalent: il ne sert pas seulement à faire cuire les aliments. Pris au sens figuré, il représente la lumière, à l’instar du mythe grec de Prométhée. On rebondit encore sur une autre dualité: la lumière du jour et de la nuit, mais aussi la lumière de l’esprit. Dans une conception bouddhiste, on parlerait alors d’Éveil. On peut donc facilement faire le lien en présence d’un nouveau-né.


Christian Sorand,

Arles. Juin 2021


Lien du blog sur le musée Arlaten


 Le musée du patrimoine de Djerba possède une autre scène liée cette fois à la fécondité des poissons, autre emblème tunisien inescapable. Mais sur la représentation de cette cérémonie, on remarquera au centre de la pièce, un panier contenant des œufs.


Cérémonie du passage au-dessus des poissons.


“Le troisième jour après la fin des festivités, la famille organise la cérémonie du passage au-dessus des poissons dans l’intimité totale en présence des parents les plus proches. La mariée assistée par l’esthéticienne: la “Zayyana” (poseuse de henné) enjambe sept fois les poissons qui sont le symbole de la fécondité (le poisson a une prodigieuse faculté de reproduction), de générosité (seule la mer donne sans contre partie), de porte-bonheur (l’eau est le cadre où vivent les poissons et se dissimulent les richesses de la mer qui sont l’emblème de vie, prospérité et bénédiction).  La cérémonie contribue à protéger le couple contre le mauvais œil  et surtout à conjurer les mauvaises surprises que pourrait lui réserver le destin.

Dans l’imagerie populaire. Les poissons sont toujours représentés sous forme de couple. Cette forme de représentation a une signification précise: les poissons sont le symbole de l’union, de l’entente et de la vie conjugale harmonieuse.”

Le Conservateur du Musée


Musée du patrimoine de Djerba: cérémonie du passage au-dessus  des poissons
(avec le panier d'œufs au centre de la pièce)


Monday, June 14, 2021

Arles-en-Provence: Le Musée Arlaten {Museon Arlaten].

It took eleven years to complete a full renovation of the Musée Arlaten and it is now open to the public. This old 15th-century mansion was purchased in 1889 by the Nobel-Prize laureate (1904) Frédéric Mistral (1830-1914) to host an ethnographic museum, dedicated to the Provençal culture. The building has been restored to its original grandeur and the exhibits have been adapted to the modern requirements: A/C, TV monitors, and even tactile screens activated individually with a pen provided by the ticket counter. The visit follows a time warp. It begins with the Romans: the ruins of the new Forum are visible in the inner yard, while the first exhibit displays a collection of regional Roman statues, and in particular the Venus of Arles whose original copy is at the Louvres. The core of the exhibits focuses on the Provençal culture. The monumental modern staircase with a glass elevator was designed by Christian Lacroix. English explanations are on display throughout the museum to help foreign visitors.

*****

Après onze années de travaux de rénovation, le musée Arlaten vient de rouvrir ses portes au public.


La cour intérieure
Cette vieille demeure du XVe [l’hôtel Laval-Castelane], acheté par Frédéric Mistral (1830-1914), avec l’argent de son Prix Nobel en1904, a été restaurée et adaptée aux exigences du monde moderne. Les murs et la façade ont retrouvé leur lustre original; la cour intérieure comporte désormais des gradins d’observation à l’imitation d’un amphithéâtre; les vestiges en contrebas sont ceux du nouveau forum romain; ils se glissent astucieusement sous l’aile droite de l’édifice. L’agencement intérieur du musée mérite les louanges d’une technique adaptée aux besoins. Les lieux sont désormais accessibles aux handicapés. Une rampe et surtout un ascenseur de verre ont été placés dans un puit de lumière, aux marches démultipliées, dans un décor de Christian Lacroix. Les salles sont dorénavant climatisées. Chaque lieu d’exposition comporte un tableau tactile, activé à l’aide d’un stylet fourni par le guichet d’accueil.


Comme le musée Arlaten a une vocation ethnographique, le cheminement intérieur suit l’héritage historique de la Ville d’Arles. Comme il se doit, on débute avec l’époque romaine, dès la cour intérieure, mais aussi avec la première salle d’exposition, dont le décor en bleu pastel semble nous plonger dans l’atmosphère d’un temple romain. Les statues retracent le riche passé régional. On y voit bien sûr une

La Vénus d'Arles

copie de la Vénus d’Arles (dont l’original est au musée du Louvre).

Des scènes calquées à l’authentique retracent des moments-clés de la vie culturelle provençale. Je reviendrai séparément sur le symbolisme de l’une des scènes, dépeignant l’arrivée d’un nouveau-né. Il y a en effet beaucoup à dire sur un plan strictement ethnologique. Il s’agit de la “visite à l’accouchée”, où l’on apporte au nouveau-né cinq objets symboliques: du sel, du pain, du miel, une allumette et un œuf. Ce dernier symbole interroge d’autant plus qu’on le retrouve dans un autre musée ethnographique, sur la rive sud de la Méditerranée: le musée de Guellala  sur l’île de Djerba. 

Ici, les vœux provençaux formulés sont:

  • Bon comme du pain;
  • Sain comme le sel:
  • Droit comme une allumette;
  • Plein comme un œuf;
  • Doux comme le miel.

Si les mythes s’adaptent au contexte local, ils n’en sont as moins un héritage communautaire des hommes. Ainsi, la mythologie a des gardiens protecteurs. Dans la culture occidentale, le dragon joue souvent ce rôle. Avant de fonder le temple de Delphes, Apollon a dû affronter un dragon [δράκων, drákón]. L’Église romaine reprend ce thème en mettant en scène Saint

La Tarasque

Georges terrassant le dragon. Par contre, dans la culture orientale, le dragon adopte une image de protection bienveillante. La Tarasque exposée dans l’une des salles appartient à ce mythe. La Tarasque est donc associée à cette idée d’une chaîne de protection initiatique d’autant plus radicale qu’elle est l’œuvre d’une créature terrifiante.

Enfin, les salles du haut évoquent l’aspect contemporain d’une chaîne culturelle, qui partie de l’Antiquité, mène au temps présent.


Le parcours permet au visiteur de se plonger dans les racines de la culture locale. En outre, le musée a fait un effort notoire d’ajouter des commentaires en anglais, en espagnol et en allemand…et même en provençal (comble de bonheur pour les Provençaux de cœur) À vrai dire, à l’heure de l’Union européenne et de la mondialisation, cette initiative est à souligner et à encourager.

Par contre, il resterait à ajouter des bancs pour les visiteurs du troisième âge. J’ai remarqué que plusieurs d’entre-eux venaient en visite avec leurs propres tabourets pliants. Cet “oubli” ne semble pas trop difficile à rectifier, sans pour autant aller jusqu’à mettre des sièges dans toutes les salles d’exposition!

Enfin, ultime suggestion, ne serait-il pas envisageable d’aménager un coin de la cour intérieure en buvette afin d’ajouter une note conviviale et de redonner vie à ce bel ensemble. 

Arles a la vocation d’être un lieu de culture et de rencontre et il n’est pas anodin d’y ajouter une touche de convivialité supplémentaire dont la ville pourrait sans doute s’enorgueillir.


Christian Sorand

Le musée Arlaten

Le blog de Garibondy

Le musée de Guellala, Tunisie.        

Buste de Frédéric Mistral



L'escalier monumental habillé par Christian Lacroix

Les restes du nouveau forum romain dans la cour intérieure

Thursday, June 10, 2021

Óbidos, Portugal : Under the Spell of Yesteryear.

The roofs of Óbidos

 In 2006, the American novelist, Frances Mayes (born in 1940) published a travel memoir book called A Year in the World’. She is both a poet and an essayist, and in this account, she related her stay at Óbidos. The author is best known for other bestsellers like ‘Under the Tuscan Sun’ or ‘Bella Tuscany’.

At the time when I read ‘A Year in the World’, I was already living in Southeast Asia (I think it was when I was in Manila) and anything regarding the Mediterranean sounded exotic! But little did I know that one day, I would come back to Portugal on many occasions and that I would even live there! In the chapter dedicated to Portugal, Frances Mayes describes Óbidos:

A walled and white town on a hill crowned by a castle and tower, Obidos’s beauty has earned it a stop on every traveler’s itinerary. […] The houses are appealing, bedecked with flowers and the whitewash often trimmed with sunny yellow borders.” (p.133) 

And also: “Some distance restores the original enchantment of Óbidos. Moorish porches, stone steps up and down passageways, and the moon-white houses in the early morning certainly cast their spell. And anywhere the scent of orange blossom drifts.” (p.135)


Not just a house door


It is going to be hard to try to describe Óbidos after what we have read! What we can say is that three main features characterize this lovely town: it is on a hill, it is historical and it is beautifully kept to its original flavor. Needless, to add that it is a Portuguese gem of a town.


On the main street
On the expressway from Lisbon to Porto, as you approach the coastal town of Nazaré, you get the first glimpse of Óbidos with its castle on top of a hill. This hilltop community is surrounded by a fortified wall that dates back to the Moorish area. You do not drive through the town, so you must park your car at the entrance and keep on walking through its steep alleys in order to reach the main street. The name Óbidos derives from the Latin ‘oppidum’, which means a citadel. But even if the Romans and later the Moors left their footprints here, the town - like many other places in the country - was populated by the Celts, who once traded with the Phoenicians. And if you wonder why on earth did the Phoenicians come here for, this often forgotten side of History needs refreshing! The Phoenicians were bold seafarers. Not only did they sail beyond the Columns of Hercules but they went south down the African West coast as far the Gulf of Guinea and also northwards along the coast of Portugal, Spain, and France, past Brittany to Cornwall and the Scilly islands in search of tin, whose value was as good as the African gold.

This is just to update the historical past of Óbidos. But of course, today, what matters is the typical atmosphere that gives the town its typical charm. There are churches and some lovely facades adorned with plants and flowers. The main street has cafés and art shops. There is an amazing bookshop, whose walls are literally made of books that are definitely worth stopping at. And at the main entrance, the entire inside wall of the building is a huge 'azulejo' fresco.

At the main entrance

It is all worth walking up to the top of the hill to get a full view of the town roofs or to get a glimpse of the back countryside past the city wall.

Óbidos is one of these fairy-tale European places that you can only experience by visiting the Old World.


Christian Sorand

Ceramic boutique

The white & yellow...
 
The white & blue.

A refreshing yard

Townhouses
 
Small café

Reptilian door-knockers
  
Marine door-knockers

A fabulous second-hand bookshop

An arcade on the main square

The church on the main square

A classy façade

Backcountry view

Panoramic view of Óbidos


An artist's main door
 

Just a window!

Wednesday, June 9, 2021

Nazaré : Vague à lame et pauvres pêcheurs.


Panorama depuis la ville-haute

À quelques années d’intervalle, revoici ce célèbre port de pêche portugais… Que se passe-t-il donc pour ne pas y retrouver l’âme d’antan?
Séchage du poisson
sur la plage
La pandémie a certes bousculé beaucoup d’acquis, mais tout de même où sont donc passées les grandes barques de pêche dont les coques mouillées sur le sable apportaient autant de couleurs et de folklore à Nazaré? Le nom dérive du Nazareth judéen. La plage de sable blond est large, immense mais les barques ne sont plus là! À la belle saison, la plage appartient désormais aux vacanciers. Pauvres pêcheurs! Seuls encore quelques filets suspendus à des poteaux de bois servent à faire sécher le poisson. C’est l’automne il est vrai et la brise du large rend l’océan plus furieux que jamais. 
Il faut se rendre à l’évidence, toutes ces barques, qui faisaient l’attrait principal de cet ancien village de pêcheurs, ont été bannies! Oh, il y en a bien encore une ou deux, mais elles servent de pièces d’un musée en plein air. 

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours”
(Le Lac, Lamartine (1790-1869)

Barque de pêche exposée sur la plage

Les temps ont bien changé! Dorénavant, ce ne sont plus les barques de pêche, ni même les costumes à
La vague de fond expliquée

larges jupons des femmes que l’on vient voir à Nazaré. On tourne le dos à la vie traditionnelle des pêcheurs pour se mettre face à l’océan déchaîné et aller à la rencontre des vagues à surf! Car Nazaré est devenu un “hotspot” universel des surfeurs du monde entier, venus tauréer les vagues géantes du lieu! La comparaison tauromachique est appropriée. Sur la grande arène du spectacle mondial. La vague se substitue à la bête et le surfeur devient le torero perché en équilibre sur une planche.
Alors dans cette journée de grisaille d’automne, on attend, paraît-il, la vague de la décennie. Car, si comme moi, vous ne le saviez pas, Nazaré est le lieu européen le plus couru arborant des vagues gigantesques! Elles peuvent avoir  20 m de haut, parfois même 30 m!
À vrai dire, l’explication s’explique géologiquement parlant. Sous les falaises de Nazaré, il y a un énorme canyon sous-marin qui amplifie les vagues venues du large. 
Le hasard a donc voulu que je me trouve à Nazaré au moment où on s’attendait à pouvoir observer la vague du siècle!


L'océan en cette saison

Mais cette lame de fond ne m’a pas emporté pour autant! Mème si en prenant le funiculaire pour aller sur la partie haute de la petite ville, les médias avaient pris possession des lieux prêts au spectacle de la vague titanesque. Dans la mythologie grecque Océanos [Ὠκεανός] n’était-il pas un Titan, fils d’Ouranos, le Ciel et de Gaïa, la Terre? 
Vue sur la plage et la ville basse

Du haut de la falaise, la vue est sublime. Et sur la grand place de ce quartier aux maisons typiques, la vieille église abrite quelques belles mosaïques portugaises et une nef superbe. 
Si la ville basse est plutôt de style neutre, elle a assez peu de charme et s’est adaptée aux rites du tourisme de la modernité. Il y a bien quelques ruelles qui conservent encore un certain charme portugais, mais hélas, il n’y a plus rien qui donne à Nazaré un caractère spécifique puisque les grandes barques de pêche ont été retirées du décor en laissant du vague à l’âme…

 Christian Sorand



L'église de la ville-haute

Mur d'azulejos
  
Intérieur de l'église

Coucher de soleil sur la plage

Le plat de sardines au menu de ce restaurant de Nazaré

Un aperçu des toits de la ville du bas

Les vagues de l'océan sur la plage