Sur la côte nord de l’île, à l’est d’Héraklion, la petite ville d’Aghios Nikolaos [Άγιος Νικόλαος] est un
lieu à la fois superbe et magique. En grec, le nom de la localité signifie Saint Nicolas, le patron des pêcheurs.
Rien de bien étonnant puisque ce sont les Doriens [Άγιος Νικόλαος] qui ont fondé son port dans l’Antiquité, vers 3,000 av. J.-C., à l’époque du Bronze ancien. De nos jours, on y trouve deux ports juxtaposés. L’ancien port, blotti dans une échancrure naturelle, est devenu le port de pêche. On a ensuite ajouté une marina, au pied d’une corniche rocheuse reliant les deux extrémités côtières de l’agglomération.
Aghios Nikolaos est aussi un lieu de légende. Une sculpture moderne, située dans un coin de la marina,
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Enlèvement d'Europe
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évoque le mythe de l’enlèvement d’Europe par Zeus ayant pris la forme d’un taureau. Dans un autre texte sur la Crète, on verra qu’il ne s’agit peut-être pas d’un hasard. Cela fait donc d’Agios Nikolaos la plus européenne des villes du continent! Assurément, mythe et Histoire se croisent. Une seconde œuvre d’art moderne du port représente “Cornucopia”, la Corne d’abondance d’Amalthée [Ἀμάλθεια], la chèvre nourricière du Zeus [Ζεύς] enfant. Une
partie de la vieille ville s’étale autour d’un lac d’eau douce, aux eaux
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| Cornucopia |
profondes. Une légende raconte qu’Athéna [Ἀθηνᾶ] et peut-être même Artémis [Ἄρτεμις], deux filles de Zeus, venaient s’y baigner la nuit, à l’abri des regards. Mythes et légendes se croisent aussi. Athéna, née de la tête de Zeus, fendue par Héphaïstos [Ἥφαιστος], vit le jour sur les bords du lac Triton - au sud de la Tunisie - cette terre nord-africaine appelée Libye par les anciens Grecs de la Cyrénaïque à Carthage. Quant à Artémis, sœur jumelle d’Apollon [Ἀπόλλων], enfantée par Léto [Λητώ], elle vit le jour sur l’île de Délos, grâce à la complicité de Poséidon [Ποσειδῶν]. Au travers de cette histoire mythique, ce lieu inhabituel pourrait donc bien être un jalon historique du monde grec d’alors, où la terre libyque rencontrerait l’archipel “européen” des Hellènes. D’ailleurs la légende racontait que ce petit lac était sans fond et qu’il s’était formé sur le cratère d’un ancien volcan. Or, voici ce que la Science nous révèle au sujet de ce lac urbain. Appelé le lac Voulismeni [Λίμνη Βουλισμένη], cette étendue d’eau circulaire, d’un diamètre de 134m, a une profondeur de 48,8m. À l’origine, ce lac n’était pas relié à la mer, mais l’occupation française au tout début du XXe siècle, lui ajouta un chenal le reliant à l’ancien port. En réalité, ce lac n’est pas le cratère d’un ancien volcan. Par contre, il est situé sur une faille naturelle alimentée autrefois par un cours d’eau souterrain. Cette faille a d’ailleurs été à l’origine des deux derniers tremblements de terre massifs répertoriés: l’un le 12 octobre 1856 (magnitude XI) et l’autre le 9 juillet 1956 (magnitude IX). Ces particularités atypiques ont été suffisantes pour susciter une légende. Symboliquement parlant, le cercle est associé au divin. C’est vraisemblablement pourquoi ce lac est associé à deux déesses du panthéon olympien.
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