Dans la soirée du 13 octobre, l'annonce officielle de la mort du roi de Thaïlande est tombée comme un couperet. Bien que le souverain passait le plus clair de son temps à l'hôpital Siriraj de Bangkok, cette fois-ci le communiqué de la cour royale avait laissé entendre que les complications médicales annoncées n'étaient pas de bonne augure. Les Thaïlandais étaient donc préparés à l'annonce de cette triste nouvelle.
En fait, le communiqué officiel a été fait dans la soirée du 13/10, mais on a su par la suite que le monarque avait cessé de vivre dans la matinée [correction apportée le 15/10: 15h52 heure locale, selon Le Monde].
Parler de la peine que cette mort annoncée a provoqué dans le cœur de tous les Thaïs, est une tâche bien ardue tant le souverain était révéré par son peuple. En regardant les images montrées en boucle par les chaînes de télévision, on voit bien que cette disparition est ressentie comme un décés personnel par tous les sujets du royaume. Il est vrai que le roi Bhumibol Adulyadej, qui portait le titre de Rama IX (nom de l'avenue où j'habite), jouissait d'une adoration quasi divine dans le royaume de Thaïlande.
S'il était autant respecté, c'est qu'il n'avait jamais cessé d'œuvrer pour le bien-être se son pays, n'hésitant pas à se déplacer dans les lieux les plus reculés et déshérités du royaume. Les images du monarque, appareil-photo au cou et carnet de notes en main, défilent à la mémoire de tous. Outre le photographe exceptionnel qu'il était et dont j'ai pu apprécier la qualité des photos, Rama IX était aussi un saxophoniste accompli qui a joué dans des orchestres de jazz à maintes reprises dans le passé. En ce XXIe siècle, il était devenu, à 88 ans, le plus vieux monarque de la planète par un long règne de 70 ans.
Pour les Français et les Suisses, c'était également un souverain francophone
qui continuait à utiliser la langue française avec ses proches collaborateurs à la cour royale. À l'age de 18 ans, alors qu'il poursuivait encore ses études à Lausanne, on était venu le chercher pour lui demander d'accepter la succession du trône de Thaïlande. C'est à Paris aussi qu'il avait rencontré la fille de l'Ambassadeur de Thaïlande en France, elle-même francophone, et qui, devenant son épouse, fut couronnée reine Sirikit.
L'amitié franco-thaïe. |
La disparition du monarque risque fort d'avoir de nombreuses répercussions. Beaucoup de Thaïlandais n'ont connu aucun autre souverain. Le roi Rama IX était perçu comme le ciment d'une nation dont l'instabilité politique de ces dernières décennies était devenue un souci permanent.
Une page de l'histoire du royaume vient d'être tournée. La nervosité des acteurs économiques et des investisseurs montre bien qu'il s'agit là d'une période de transition délicate. Après l'incommensurable deuil national qui ne manquera pas de justifier la tristesse du peuple, il faut espèrer que la Thaïlande pourra poursuivre sa croissance et son développement en toute quiétude.
Honneur et prières à un roi dont la vie fut entièrement dédiée au bien-être de son pays. L'Histoire montrera sans aucun doûte qu'il s'agissait d'un grand homme. Puisse le royaume de Thaïlande poursuivre l'esprit dans lequel le souverain disparu l'avait conduit.
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