Vue de Killaloe et du Shannon |
Killaloe est un charmant petit village du comté de Clare, à l’ouest de l’île, à proximité de la ville côtière de Limerick. Ce vieux village est situé sur la rive occidentale du fleuve Shannon, au sud de Clonmacnoise. Le cours du fleuve continue vers le sud avant de se jeter dans l’océan en formant un estuaire au sud-ouest, au niveau de la ville de Limerick. Killaloe se situe à la pointe sud d’un lac (Lough Derg) alimenté par les eaux du Shannon.
Comme dans chaque village irlandais, il y a une église édifiée sur le faîte d’une colline. Ce n’est pourtant pas la paroisse du village qui est le sujet de ce récit. À droite de l’entrée, sur le terrain dédié à l’église, on y découvre un petit oratoire présentant un intérêt historique.
L'oratoire de St. Molua |
Cette construction en pierre est constituée de deux bâtisses s’échelonnant sur une période comprise ente le IXe et XIIe siècles. À l’origine, ce sanctuaire moyenâgeux (St Molua’s Oratory) se trouvait sur une île du fleuve (Friar’s island). Mais en 1929, on a construit un barrage hydro-électrique sur le Shannon. L’oratoire a donc été démonté et reconstruit ici en 1930. Cet ensemble se compose de deux petites parties. La plus vaste, appelée la nef (‘Nave’), date du IXe ou Xe siècle. C’était au départ la construction initiale servant de lieu de culte. Puis au XIIe siècle on a accolé un édifice plus petit, appelé le chœur (‘Chancel’).
Il n’est plus question ici d’évoquer la rotondité, puisque la nef a un plan rectangulaire, tandis que le chœur est un carré parfait. Toutefois, le style de l’édifice et son alignement viennent alimenter l’aspect symbolique de l’ensemble.
- La nef a perdu son toit que l’on suppose avoir été construit en bois.
- Par contre le chœur est surmonté d’un toit en pierre atypique, de forme pyramidale.
Entrée mégalithique
À l’époque où les deux parties se complétaient, la nef accueillait les fidèles, alors que le chœur abritait l’autel. Cette conception primitive est proche de celle des églises orthodoxes. Mais l’entrée de la nef a conservé le style mégalithique d’antan: composée de deux pierres plates verticales, fermées par un linteau en pierre horizontal. L’étroitesse de l’ouverture ne laisse la place qu’à une seule personne à la fois, devant se courber pour pénétrer dans la nef.
On passe de la nef au chœur par une porte étroite alignée sur l’autre. Or, le chœur possède un passage encore plus étroit donnant sur un petit cimetière aux croix celtiques ouvragées.
Il n’est pas certain que l’espace de ce petit cimetière soit conforme à ce qui existait originellement. Mais si c’est le cas, il y aurait alors un alignement de trois ouvertures symboliques. L’entrée dans la nef marquerait le passage du profane en direction du sacré. Le chœur, au centre de ce cheminement rituel, se trouve à la croisée du passage menant à une fin attendue (la mort) où une troisième porte mènerait, selon la croyance, à une promesse de vie éternelle.
S’il s’agit là d’une supposition, il n’en demeure pas moins que ce soit le sentiment éprouvé quand on traverse ce petit édifice pour atteindre l’obscurité interne du cœur pyramidal. Car ici, le ressenti est généré par la symbolique de l’architecture. La petitesse de l’édifice traduit l’humilité de l’être humain. Évidemment, l’impression est toute autre que celle provoquée en entrant dans une cathédrale!
La valeur symbolique de l’architecture n’est-elle pas d’éprouver l’homme en lui insufflant un sentiment d’humilité ? Les Alchimistes verraient peut-être qu’il s’agit ici de réduire le macrocosme pour mieux l’opposer au microcosme humain, d’autant plus que ce petit sanctuaire est celui d’un humble milieu campagnard.
C. Sorand
Reconstitution imagée de l'oratoire |
Article consacré à St. Molua |
Croix celtique du cimetière |
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