|
L'élégance classique du temple de style Lanna. |
Les
amateurs de découvertes authentiques, comme les voyageurs
indépendants, fuyant les hordes du tourisme de masse, aimeront la
beauté tranquille de ce petit temple de la banlieue sud de Chiang
Mai.
|
Singha de l'entrée. |
Il
existe certes de nombreux autres temples [wat,
en thaï] à Chiang Mai invitant le passant curieux à une
pause insolite. Wat Inthrawat, connu localement sous le nom de
Wat Ton Kwen [วัดต้นแกว๋น],
conserve tout de même une atmosphère particulière à la fois par
sa situation et l'originalité de son style architectural.
Il
a été récemment restauré et il est soigneusement maintenu dans
son état primitif. Or ce temple offre quelques surprises tout à
fait inhabituelles.
Tout
d'abord, Wat Inthrawat est situé dans le district rural de Hang
Dong, à environ 13km au sud-ouest de Chiang Mai. Perdu au milieu
d'une zone résidentielle de campagne, il n'est pas facile de trouver
ce joli petit temple, véritable gemme cachée. Cela explique donc
pourquoi il attire peu de visiteurs. A vrai dire, lorsque j'y suis
allé, j'étais non seulement le seuls étranger, mais aussi le seul
visiteur du lieu ! De plus, ce temple n'appartient pas à une
communauté de moines, comme d'autres le sont. L'emplacement, et donc
son isolement, contribuent à transmettre une forte impression de
quiétude quand on s'y trouve.
Le
nord de la Thaïlande appartient à l'espace culturel Lanna, dont
l'architecture est une particularité distinctive. Wat Inthrawat en
est un parfait exemple par la rigueur de son plan, mais aussi par sa
décoration parfois surprenante.
Ce
petit ensemble architectural est bâti dans un enclos épousant la
forme d'un carré. L'entrée est
|
Le Naga protecteur. |
située à l'Orient, comme il se
doit, gardée par deux lions-Singha. Le carré est une représentation
symbolique de la Terre. C'est ce qu'évoque le mandala hindou
dont il dérive. Le Bouddhisme Theravada de Thaïlande a conservé
les préceptes de la mythologie hindouiste. Le Singha est donc
le lion protecteur de l'Himalaya. Or justement, le temple figure
comme une image symbolique de la montagne sacrée du monde hindouiste
et bouddhiste, le mont Meru. Dans la mythologie, une mer de
sable entoure la chaîne du Mont Meru, axe du monde et passage des
morts vers le royaume des dieux. L'espace intérieur de Wat Inthrawat
est donc fait de sable. C'est la première particularité du lieu.
Le viharn central (hall d'assemblée) est donc une image du
mont Meru orienté en direction du soleil levant. Il est entouré par
une galerie ouverte en forme de U. Sur le côté droit de la galerie
sud, on aperçoit une batterie de percussions destinée aux annonces
religieuses. Seconde particularité : une autre galerie se
détache perpendiculairement, sur la face nord-est. Le viharn
a conservé sa structure traditionnelle en bois de teck poli par les
ans puisque la construction initiale date de 1858. La rampe
|
Détail d'une paroi latérale. |
d'escaliers du sanctuaire est gardée cette fois par deux magnifiques
Nagas en pierre. Selon la mythologie, le Naga est le
serpent protecteur des eaux. Son allure s'apparente au dragon
chinois. Le toit du viharn est triple, constitué de deux
sections inclinées formant un triangle. Chaque côté du pignon
possède une frise ondoyante symbolisant le Naga et une crête où on
distingue Hamsa, le cygne de la mythologie hindoue.
La
sobriété intérieure met en valeur les colonnes laquées de rouge
et de dorures. De touts petites fenêtres à barreaux en bois
filtrent la lumière extérieure en créant une atmosphère de
caverne à l'intérieur du sanctuaire. Il s'agit probablement d'une
volonté délibérée propice à la méditation et à la prière.
Le
bois des parois externes est sculpté de motifs géométriques
entrecoupés de quelques figures
|
Architecture intérieure. |
mythologiques. La galerie ouverte,
qui fait face aux marches de l'entrée du sanctuaire, est un autre
ajout atypique. Cette partie a servi en son temps à abriter une
relique située aujourd'hui dans un autre temple. Mais là encore,
l'architecture du toit, offre une nouvelle caractéristique. Au lieu
d'avoir un Naga stylisé descendant du creux du toit, on y voit une
étrange effigie animale qu'il est rare de voir ailleurs.
Wat
Inthrawat offre donc un spectacle tout à fait exceptionnel par sa
grâce et par son architecture que le quotidien Bangkok Post
qualifie tout simplement de « chef d'œuvre Lanna » (voir
lien ci-dessous).
Christian
Sorand
Liens:
|
Détail du toit du viharn. |
|
Une autre frise de la galerie annexe. |
|
Figure mythologique d'un toit. |
No comments:
Post a Comment