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Thursday, November 30, 2017

WAT INTHRAWAT [วัดอินทราวาส], environs de Chiang Mai

L'élégance classique du temple de style Lanna.
Les amateurs de découvertes authentiques, comme les voyageurs indépendants, fuyant les hordes du tourisme de masse, aimeront la beauté tranquille de ce petit temple de la banlieue sud de Chiang Mai.
Singha de l'entrée.
Il existe certes de nombreux autres temples [wat, en thaï] à Chiang Mai invitant le passant curieux à une pause insolite. Wat Inthrawat, connu localement sous le nom de Wat Ton Kwen [
วัดต้นแกว๋น], conserve tout de même une atmosphère particulière à la fois par sa situation et l'originalité de son style architectural.
Il a été récemment restauré et il est soigneusement maintenu dans son état primitif. Or ce temple offre quelques surprises tout à fait inhabituelles.
Tout d'abord, Wat Inthrawat est situé dans le district rural de Hang Dong, à environ 13km au sud-ouest de Chiang Mai. Perdu au milieu d'une zone résidentielle de campagne, il n'est pas facile de trouver ce joli petit temple, véritable gemme cachée. Cela explique donc pourquoi il attire peu de visiteurs. A vrai dire, lorsque j'y suis allé, j'étais non seulement le seuls étranger, mais aussi le seul visiteur du lieu ! De plus, ce temple n'appartient pas à une communauté de moines, comme d'autres le sont. L'emplacement, et donc son isolement, contribuent à transmettre une forte impression de quiétude quand on s'y trouve.
Le nord de la Thaïlande appartient à l'espace culturel Lanna, dont l'architecture est une particularité distinctive. Wat Inthrawat en est un parfait exemple par la rigueur de son plan, mais aussi par sa décoration parfois surprenante.
Ce petit ensemble architectural est bâti dans un enclos épousant la forme d'un carré. L'entrée est
Le Naga protecteur.
située à l'Orient, comme il se doit, gardée par deux lions-Singha. Le carré est une représentation symbolique de la Terre. C'est ce qu'évoque le mandala hindou dont il dérive. Le Bouddhisme Theravada de Thaïlande a conservé les préceptes de la mythologie hindouiste. Le Singha est donc le lion protecteur de l'Himalaya. Or justement, le temple figure comme une image symbolique de la montagne sacrée du monde hindouiste et bouddhiste, le mont Meru. Dans la mythologie, une mer de sable entoure la chaîne du Mont Meru, axe du monde et passage des morts vers le royaume des dieux. L'espace intérieur de Wat Inthrawat est donc fait de sable. C'est la première particularité du lieu. Le viharn central (hall d'assemblée) est donc une image du mont Meru orienté en direction du soleil levant. Il est entouré par une galerie ouverte en forme de U. Sur le côté droit de la galerie sud, on aperçoit une batterie de percussions destinée aux annonces religieuses. Seconde particularité : une autre galerie se détache perpendiculairement, sur la face nord-est. Le viharn a conservé sa structure traditionnelle en bois de teck poli par les ans puisque la construction initiale date de 1858. La rampe
Détail d'une paroi latérale.
d'escaliers du sanctuaire est gardée cette fois par deux magnifiques Nagas en pierre. Selon la mythologie, le Naga est le serpent protecteur des eaux. Son allure s'apparente au dragon chinois. Le toit du viharn est triple, constitué de deux sections inclinées formant un triangle. Chaque côté du pignon possède une frise ondoyante symbolisant le Naga et une crête où on distingue Hamsa, le cygne de la mythologie hindoue.
La sobriété intérieure met en valeur les colonnes laquées de rouge et de dorures. De touts petites fenêtres à barreaux en bois filtrent la lumière extérieure en créant une atmosphère de caverne à l'intérieur du sanctuaire. Il s'agit probablement d'une volonté délibérée propice à la méditation et à la prière.
Le bois des parois externes est sculpté de motifs géométriques entrecoupés de quelques figures
Architecture intérieure.
mythologiques. La galerie ouverte, qui fait face aux marches de l'entrée du sanctuaire, est un autre ajout atypique. Cette partie a servi en son temps à abriter une relique située aujourd'hui dans un autre temple. Mais là encore, l'architecture du toit, offre une nouvelle caractéristique. Au lieu d'avoir un Naga stylisé descendant du creux du toit, on y voit une étrange effigie animale qu'il est rare de voir ailleurs.
Wat Inthrawat offre donc un spectacle tout à fait exceptionnel par sa grâce et par son architecture que le quotidien Bangkok Post qualifie tout simplement de « chef d'œuvre Lanna » (voir lien ci-dessous).
Christian Sorand

Liens:

Détail du toit du viharn.
Une autre frise de la galerie annexe.
Figure mythologique d'un toit.

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