Place de la Liberté |
Un
nom bien étrange pour un petit village mediéval hors norme qui
semble vouloir se cacher au creux d'une vallée rocheuse, si étroite
qu'on n'en voit tout d'abord que les toits.
La
diversité culturelle de la France réside dans la richesse de son
patrimoine. Ce ne sont pas seulement des sites, des monuments ou des
villes d'art. Cet héritage existe également dans de tous petits
villages comme Les Baux-en-Provence, Èze-Village ou bien Mougins,
pour n'en citer que quelques uns dans ce sud occitan ou provençal.
Hommes de lettres, artistes, et autres célébrités ne s'y trompent
pas. Ils ont parfois choisi d'y vivre – même pour une courte durée
- car il existe un flux mystérieux entre l'homme et son
environnement : Vassarély à Gordes, Beckett à Roussillon,
Picasso à Mougins, Lawrence Durrell à Sommières, Camus à
Lourmarin ou encore Peter Mayle à Ménerbes.
Rien
de tel pour Saint-Guilhem-le-Désert qui ne compte guère plus de 262
habitants (en 2012). Pourtant, comme Les Baux ou Gordes, le site a
été classé parmi « les plus beaux villages de France ».
Et comme de surcroît, il se trouve sur le chemin de
Saint-Jacques-de-Compostelle, il fait aussi partie du patrimoine
mondial de l'UNESCO. C'est d'ailleurs aussi le cas du site voisin du
Pont du Diable.
Vieille porte |
Voici
donc l'histoire et ce qui fait le charme de ce petit village dont la
beauté n'a d'égale que son site avec lequel il se confond.
Le
paysage appartient à celui d'une haute vallée du département de
l'Hérault, au confins des premiers contreforts du Massif Central.
Pour y accéder, on traverse le Pont du Diable construit au 11e
siècle par les Bénédictains à l'entrée des gorges de
l'Hérault. En longeant la rive gauche de la rivière, on passe
ensuite devant l'entrée de la grotte de Clamouse, l'une des
plus belles de France. Quelques kilomètres plus loin, on atteint
alors le site de Saint-Guilhem-le-Désert à l'entrée des gorges
du Verdus où ce minuscule cours
d'eau se jette dans l'étroite
vallée rocheuse de l'Hérault. On ne voit rien du vieux village
hormis ses toits en contrebas de la route. Une impression identique
caractérise le village des Baux-en-Provence, où seules les tuiles
romaines rouges laissent deviner aux habitués une présence humaine.
Ici par contre, les tuiles sont grises et se confondent avec le
paysage. C'est donc cette harmonie entre l'homme et la nature qui
frappe avant tout le visiteur découvrant le lieu. La gorge de la
rivière s'élargit ensuite et on y découvre alors le village perché
au dessus d'une sorte de cirque où le petit Verdus saute en cascade.
Après avoir laissé le véhicule sur un parking ombragé jouxtant le
cimetière communal, on part alors à pied à la découverte de ce
petit trésor d'urbanisme.
Passage |
Au
départ, en l'an 804 de notre ère, Guillaume (Guilhèm en
langue d'oc), duc d'Aquitaine, fonde ici une abbaye à l'écart de
tout, comme dans un désert. Guillaume meurt en 812 et est canonisé
en 1066. L'abbaye devient alors l'abbaye de Saint-Guilhem. La relique
qu'elle conservait était un morceau de la vraie croix. Étant sur le
chemin de Compostelle, elle était ainsi un lieu de pélerinage.
C'est comme cela que s'est développé ensuite le village. Une aile
du cloître a été démantelée et fait aujourd'hui partie du Musée
des cloîtres à New York.
En
arrivant sur la place centrale du village, dénommée Place de la
Liberté, on est tout d'abord frappé
par l'étendue de cet
espace dans un lieu que l'on croyait pourtant étriqué. Un énorme
platane vieux de 150 ans se dresse au milieu de la place. Planté en
1855, il apporte toujours ombre et fraîcheur à la période
estivale. L'église abbatiale se trouve sur la droite.
Quelques arcades abritent aujourd'hui des boutiques. Car
Saint-Guilhem est devenu un lieu touristique abritant surtout des
commerces et des artistes. Ses habitants ont su mettre en valeur la
beauté intrinsèque du lieu. Il faut alors partir à sa découverte
nonchalamment. Les ruelles du village médiéval s'étalent
sinueusement le long de la vallée. Elles sont parfois relayées par
des rues en escaliers. Quelques porches ouverts entre deux bâtisses
conduisent à la petite rivière. Et lorsque l'espace est suffisement
large, on y trouve même parfois un petit jardin. Certaines façades
aux fenêtres à meneaux témoignent de la Renaissance. Quelques
vieilles portes attirent le regard. Alors, quand on revient sur la
place du village, on se dit qu'il est temps de s'asseoir à la
terrasse d'un café et de se laisser emporter une nouvelle fois par
la magie du lieu avant de le quitter.
Église abbatiale |
Saint-Guilhem-le-Désert
mérite sans aucun doûte un détour dans cette jolie partie de
l'Hérault, plantée de vignobles dans sa partie vallonnée.
Christian
Sorand
Chemin de St.Jacques-de-Compostelle (route d'Arles) |
LIENS :
Saint-Guilhem-le-Désert |
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