« Les
relations entre la France et la Thaîlande reposent sur une tradition
ancienne. Nos deux pays entretiennent une coopération active et
amicale depuis plusieurs décennies, qu’ils ont voulu, d’un
commun accord, rendre plus intense depuis la fin de l’année 2002.
C’est
au 17ème siècle que la France et le Royaume de Siam nouent leurs
premiers contacts officiels : deux délégations diplomatiques
siamoises se rendent en France en 1684 et 1686 et sont reçues à
Versailles par le « Roi Soleil », Louis XIV. En retour,
plusieurs ambassades françaises, dont la plus célèbre fut conduite
en 1685 par le Chevalier de Chaumont, se rendent à la Cour du Roi
Narai. Ce n’est cependant qu’en 1856 que les deux pays décident
d’ouvrir des relations diplomatiques, dont nous célébrons en 2006
le 150ème anniversaire. »
(extrait
du texte de présentation historique du site de l'Ambassade de France
à Bangkok).
Reconstitution
du texte historique du débarquement de la délégation siamoise à
Brest (Plaque
de l'Ambassade de France en Thaïlande).
Extrait : Arrivée des Ambassadeurs
« C'est le 18
juin 1686 que le vaisseau l'Oiseau, en provenance de Siam, était
arrivé dans la rade de Brest avec, à son bord, les trois
ambassadeurs siamois, huit mandarins, vingt domestiques secrétaires,
interprètes et, par ailleurs, les missionnaires de Lionne, Vachet et
leur rival Tachard, ambassadeur officieux du ministre Phaulkon auprès
du père de la Chaise et du roi de France. A peine monsieur
Descluzeau, grand intendant du port de Brest, fut-il avertide
l'arrivée du navire, il se fit porter à son bord afin de mettre au
point, pour le lendemain, une somptueuse cérémonie de débarquement.
[…]
La plaque devant l'Ambassade |
Le 19 juin à
l'aube tous les vaisseaux du port, toutes les maisons riveraines
furent hérissées d'étendards et d'oriflammes innombrables, blancs,
à fleurs de lys d'or. Les bateaux, la forteresse saluèrent de plus
de six cents coups de canon et des milliers de soldats en grand
uniforme, rangés tout au long des quais et des jetées, firent
partir leurs mousqueterie. Une galère où ramaient deux cents
huguenots, libertins, sodomites, turcs et autres criminels viendrait
chercher les ambassadeurs de Siam. On y avait dressé un arc de
triomphe fleuri afin qu'ils s'installassent à son ombre, juste
au-dessus de la chiourme. Kosapan portait religieusement sur ses
genoux, dans une fort belle boîte d'or très ouvragée, la lettre de
son roi (elle-même gravée sur des feuilles d'or) destinée à Louis
[…] (XIV). Cette lettre matérialisait la personne même du roi de
Siam et il devait, selon la loi de sa nation, lui témoigner le même
respect qu'à celui-ci. Cependant et quoiqu'il eût, donc, et pour
ainsi dire, son « roi » sur les genoux, il n'avait d'yeux
que pour l'extraordinaire spectacle qui l'entourait : une
cinquantaine d'énormes navires à l'ancre dans la rade ;
d'immenses jetées ; et, sur celles-ci, et sur les quais où ils
arboderaient bientôt, des milliers d'ouvriers, de crocheteurs, de
portefaix, de matelots qui allaient, venaient en tous sens. Une
fourmilière. Jamais il n'avait vu pareille fébrilité, pareille
agitation, pareille industrie, reflets d'une bien impressionnante, et
inquiétante, puissance : que semblait résumer à elle seule
d'ailleurs l'immense forteresse de pierres grises, fermant le port et
dont les centaines de canons, sans discontinuer, crachaient le feu en
son honneur.
L'ambassadeur était
chanceux. Il découvrait la France en plein été : une
splendide journée. Et la foule aussi se pressait en masse aux
débarcadères : Bretons et Bretonnes à chapeau noir et coiffe
blanche, pour voir les très extraordinaires envoyés de Siam. En
quelques heures toute la ville, toute la région furent au courant de
leur arrivée. Et bientôt la France entière : leurs faits et
gestes étant rapportés dans les gazettes, commentés de place en
place, de village en village, déformés, transmués, grandis,
enjolivés, mythifiés, au point qu'on ne parla plus bientôt que de
mandarins, mandarines et mandarinades ; on les représenterait,
sous forme de gravures, la plupart du temps fantaisistes, dans les
almanachs ; ils deviendraient le thème d'innombrables ballets,
piécettes de théâtre et farces ; on se déguiserait à leur
manière ; et leur étrange chapeau blanc, pointu, semblable un
peu à une mitre, qu'ils ne portaient que lors des cérémonies, se
vendrait à des milliers d'exemplaires en tissu, en carton, pour les
bals masqués.
La France s'était
mise à l'heure de Siam. »
De
l'ambassade à la rue de Siam (Plaque
de l'Ambassade de France en Thaïlande
La
rue de Siam aujourd'hui (Plaque
de l'Ambassade de France en Thaïlande).
Et
la rue de Brest à Bangkok.
Rue de Brest à Bangkok [@C.Sorand] |
Résumé en anglais de cette page d'histoire |
Représentation de Louis XIV sur une porte thaïe |
Bibliographie :
Il
existe un ouvrage sur les relations franco-thaies intitulé :
'Louis
XIV et le Siam'
de Dirk Van der Cruysse, paru chez Fayard, Paris, 02/10/1991.
Quelques liens utiles:
No comments:
Post a Comment