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Wednesday, May 20, 2015

Rue de Siam, rue de Brest : Quatre siècles de Relations Diplomatiques Franco-Thaïes

« Les relations entre la France et la Thaîlande reposent sur une tradition ancienne. Nos deux pays entretiennent une coopération active et amicale depuis plusieurs décennies, qu’ils ont voulu, d’un commun accord, rendre plus intense depuis la fin de l’année 2002.

C’est au 17ème siècle que la France et le Royaume de Siam nouent leurs premiers contacts officiels : deux délégations diplomatiques siamoises se rendent en France en 1684 et 1686 et sont reçues à Versailles par le « Roi Soleil », Louis XIV. En retour, plusieurs ambassades françaises, dont la plus célèbre fut conduite en 1685 par le Chevalier de Chaumont, se rendent à la Cour du Roi Narai. Ce n’est cependant qu’en 1856 que les deux pays décident d’ouvrir des relations diplomatiques, dont nous célébrons en 2006 le 150ème anniversaire. » (extrait du texte de présentation historique du site de l'Ambassade de France à Bangkok).

Reconstitution du texte historique du débarquement de la délégation siamoise à Brest (Plaque de l'Ambassade de France en Thaïlande).

Extrait : Arrivée des Ambassadeurs

« C'est le 18 juin 1686 que le vaisseau l'Oiseau, en provenance de Siam, était arrivé dans la rade de Brest avec, à son bord, les trois ambassadeurs siamois, huit mandarins, vingt domestiques secrétaires, interprètes et, par ailleurs, les missionnaires de Lionne, Vachet et leur rival Tachard, ambassadeur officieux du ministre Phaulkon auprès du père de la Chaise et du roi de France. A peine monsieur Descluzeau, grand intendant du port de Brest, fut-il avertide l'arrivée du navire, il se fit porter à son bord afin de mettre au point, pour le lendemain, une somptueuse cérémonie de débarquement. […]
La plaque devant l'Ambassade

Le 19 juin à l'aube tous les vaisseaux du port, toutes les maisons riveraines furent hérissées d'étendards et d'oriflammes innombrables, blancs, à fleurs de lys d'or. Les bateaux, la forteresse saluèrent de plus de six cents coups de canon et des milliers de soldats en grand uniforme, rangés tout au long des quais et des jetées, firent partir leurs mousqueterie. Une galère où ramaient deux cents huguenots, libertins, sodomites, turcs et autres criminels viendrait chercher les ambassadeurs de Siam. On y avait dressé un arc de triomphe fleuri afin qu'ils s'installassent à son ombre, juste au-dessus de la chiourme. Kosapan portait religieusement sur ses genoux, dans une fort belle boîte d'or très ouvragée, la lettre de son roi (elle-même gravée sur des feuilles d'or) destinée à Louis […] (XIV). Cette lettre matérialisait la personne même du roi de Siam et il devait, selon la loi de sa nation, lui témoigner le même respect qu'à celui-ci. Cependant et quoiqu'il eût, donc, et pour ainsi dire, son « roi » sur les genoux, il n'avait d'yeux que pour l'extraordinaire spectacle qui l'entourait : une cinquantaine d'énormes navires à l'ancre dans la rade ; d'immenses jetées ; et, sur celles-ci, et sur les quais où ils arboderaient bientôt, des milliers d'ouvriers, de crocheteurs, de portefaix, de matelots qui allaient, venaient en tous sens. Une fourmilière. Jamais il n'avait vu pareille fébrilité, pareille agitation, pareille industrie, reflets d'une bien impressionnante, et inquiétante, puissance : que semblait résumer à elle seule d'ailleurs l'immense forteresse de pierres grises, fermant le port et dont les centaines de canons, sans discontinuer, crachaient le feu en son honneur.

L'ambassadeur était chanceux. Il découvrait la France en plein été : une splendide journée. Et la foule aussi se pressait en masse aux débarcadères : Bretons et Bretonnes à chapeau noir et coiffe blanche, pour voir les très extraordinaires envoyés de Siam. En quelques heures toute la ville, toute la région furent au courant de leur arrivée. Et bientôt la France entière : leurs faits et gestes étant rapportés dans les gazettes, commentés de place en place, de village en village, déformés, transmués, grandis, enjolivés, mythifiés, au point qu'on ne parla plus bientôt que de mandarins, mandarines et mandarinades ; on les représenterait, sous forme de gravures, la plupart du temps fantaisistes, dans les almanachs ; ils deviendraient le thème d'innombrables ballets, piécettes de théâtre et farces ; on se déguiserait à leur manière ; et leur étrange chapeau blanc, pointu, semblable un peu à une mitre, qu'ils ne portaient que lors des cérémonies, se vendrait à des milliers d'exemplaires en tissu, en carton, pour les bals masqués. 

La France s'était mise à l'heure de Siam. »

De l'ambassade à la rue de Siam (Plaque de l'Ambassade de France en Thaïlande


La rue de Siam aujourd'hui (Plaque de l'Ambassade de France en Thaïlande).



Et la rue de Brest à Bangkok.

Rue de Brest à Bangkok [@C.Sorand]
Vu au National Museum de Bangkok.

Résumé en anglais de cette page d'histoire
Représentation de Louis XIV sur une porte thaïe
Bibliographie :

Il existe un ouvrage sur les relations franco-thaies intitulé : 'Louis XIV et le Siam' de Dirk Van der Cruysse, paru chez Fayard, Paris, 02/10/1991. 


Quelques liens utiles:





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