Nouvelle étude génétique
TUNISIE
(Période du Fer)
Résumé
La dernière étude consacrée aux origines du monde amazigh dans le cadre d’une nouvelle interprétation génétique de la période de l’âge du Fer de la Méditerranée centrale (800 av. notre ère / 1er siècle de notre ère) vient confirmer toutes les données antérieures. Cette analyse, qui inclue une coopération scientifique internationale, se focalise plus spécifiquement sur l’Italie centrale (les Étrusques), la Sardaigne et la Tunisie.
L’archéologue Mounir Fantar et l’Institut National du Patrimoine de Tunisie ont participé à ce vaste projet accessible en ligne, en langue anglaise [https://www.nature.com/articles/s41559-023-02143-4].
En voici les grandes lignes consacrées à la Tunisie.
Douze génomes de l’âge du Fer tunisien de la période carthaginoise ont été établis. Le ciblage a été fait à Kerkouane sur quatre individus-types “représentant un échantillon de population nord-africaine autochtone”.
Parmi les quatre types analysés d’un premier cluster génétique :
-l’un présente un génome qualifié d’ascendance “agricole du néolithique supérieur marocain” à 100% ;
-tandis que les trois autres conservent en grande partie cette même ascendance, à laquelle s’ajoute 15 - 20% “d’habitat steppique”.
Un second cluster génétique a été réalisé sur sept individus, identifiés comme étant “génétiquement similaires aux populations de l’âge du Bronze de Sicile et d’Italie centrale”, ainsi que d’autres individus dont l’ascendance appartient “à la colonie hellène d’Empuries d’essence ibéro-grecque”. Le texte ajoute que “ces résultats indiquent que les populations autochtones nord-africaines ont largement contribué au tableau génétique de Kerkouane”, soulignant le fait que “le rôle des populations autochtones a largement été négligé dans les ´études sur Carthage et son empire”.
Il en ressort que “l’âge du Fer” a vraisemblablement été une période cruciale dans la formation actuelle de la structure génétique nord-africaine”.
On relève également un aspect génétique souvent escamoté, celui “d’une relation directe ou indirecte avec la population nomade saharienne” particulièrement au travers des Numides. Ce fait rappelle que :”les routes commerciales trans-sahariennes avaient alors été facilitées par l’existence d’un Sahara plus vert et moins aride qu’aujourd’hui, rendant ainsi possible les échanges entre les communautés du nord de l’Afrique avec leurs contreparties sub-sahariennes”. “Il est donc vraisemblable que l’âge du Fer a pu être aussi une période cruciale pour le flux génétique trans-saharien”.
Les gênes ont donc aussi une mémoire plurielle! C.S.
https://www.nature.com/articles/s41559-023-02143-4